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Déjantés du ciné
25 janvier 2024

Borgo de Stéphane Demoustier

Borgo00Titre du film : Borgo

Réalisateur : Stéphane Demoustier

Date de sortie du film : 17 avril 2024 (vu en avant-première le 12 janvier 2024 à Bourges)

Origine : France

Durée : 1h58

Avec : Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi, Florence Loiret-Caille, Michel Fau, Pablo Pauly, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s’installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L’occasion d’un nouveau départ. Elle intègre les équipes d'un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens. L’intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander… Une mécanique pernicieuse se met en marche.

Borgo est le troisième long métrage de Stéphane Demoustier après Terre battue (2014) et l'intrigant La fille au bracelet (2020). Il s'agit d'un fait divers ayant fait beaucoup de remous sur l'île de Beauté, et n'ayant pas encore été jugé à ce jour. Le procès devrait se tenir au premier semestre 2024.

Borgo1Le film se déroule donc en Corse avec comme toile de fond la prison de Borgo qui dispose d'un quartier dédié aux détenus corses. Dans un milieu carcéral en principe difficile, ces prisonniers semblent très bien vivre leur détention. Le film nous montre qu'ils parviennent à faire venir de l'extérieur ce qu'ils souhaitent, comme par exemple un climatiseur ! Le cinéaste Stéphane Demoustier relate parfaitement l'impunité semblant s'établir dans cette micro-société. D'autant que ces détenus continuent d'avoir de l'influence à l'extérieur de la prison... Est-ce dû à ce statut de semi-liberté ? Ou tout simplement à la Corse, qui n'est pas décidément pas comme le reste de la France.

C'est dans ce contexte atypique que le scénario adopte le point de vue d'une surveillante pénitentiaire, Melissa, évoluant dans un monde d'hommes ô combien machiste, a fortiori en Corse ! Le réalisateur s'intéresse de près à cette gardienne de prison pas comme pas les autres. Elle a décidé de se rendre sur l'île de Beauté pour se donner un nouveau départ. C'est elle qui assume le rôle de chef de famille et s'affirme en travaillant dans un milieu d'hommes. Ce portrait de femme, associé à l'environnement pénitentiaire, donne une teneur quasi documentaire à Borgo. D'autant que les acteurs corses, en grande partie non professionnels, paraissent plus vrais que nature. On a l'impression qu'ils interprètent leurs propres vies !

Borgo2De son côté, le réalisateur a bien compris qu'il était nécessaire que le public puisse s'identifier à Melissa ou à tout le moins comprenne ses choix. On a ainsi une gardienne de prison empathique, faisant preuve d'un humanisme sincère. Borgo capte parfaitement la relation de confiance s'établissant entre cette “matonne” et les détenus. Le réalisateur parvient aisément à caractériser ses personnages. Il fait preuve de beaucoup de finesse dans l'écriture de ceux-ci. A l'image de ce que l'on peut voir dans la vie quotidienne, il met en scène un personnage principal complexe, ni tout blanc ni tout noir. C'est le destin de cette femme ordinaire qui intéresse le cinéaste. Comment une femme sans histoires peut progressivement basculer du côté obscur ? C'est tout l'enjeu de ce long métrage évoquant en arrière-plan l'importance d'une Corse gangrénée par la mafia locale. On se croirait par moments dans un film italien des années 70-80 avec une mafia toute puissante.

Jouant sur plusieurs tableaux liés les uns aux autres (la description du milieu pénitentiaire, d'une gardienne de prison dans son quotidien, d'une enquête policière), Borgo parvient à conserver jusqu'à la fin un suspense haletant. Il faut dire que l'on s'interroge sur le lien existant entre un double assassinat sur la voie publique et l'action qui se met en place.

20240112_230330<= l'actrice Hafsia Herzi et le réalisateur Stéphane Demoustier lors de l'avant-première à Bourges

A son crédit, Stéphane Demoustier peut compter sur une distribution de qualité. Dans le rôle principal, le film bénéficie de l'excellente prestation d'Hafsia Herzi. L'actrice, habituée du cinéma d'auteur (Le graine et le mulet, L'apollonide), est très l'aise et totalement convaincante dans son rôle. L'actrice utilise à bon escient toute son expérience. Exit les rôles d'adolescente/jeune adulte. Désormais elle a droit à celui de mère de famille. On sent qu'il y a une vraie maturité dans son jeu et dans son rôle.

On frissonne pour elle, en attendant de savoir si elle va s'en sortir. Une preuve supplémentaire que son personnage a été bien écrit. A ses côtés, cette magnifique actrice trouve des partenaires très crédibles. On songe notamment à Louis Memmi (Saveriu) avec son personnage de tentateur. Ce dernier se rend amical et protecteur envers Melissa pour mieux l'amadouer. De son côté, l'acteur Moussa Mansaly est parfait dans le rôle difficile du mari de Melissa, un homme à la fois fragile et charismatique, toujours amoureux de sa femme. Il apporte à la fois une dimension sociale et une certaine sensibilité au film.

En définitive, après avoir brillamment mis en scène un drame judiciaire en 2020, Stéphane Demoustier réussit un nouveau sans faute avec ce drame carcéral prenant. Ou comment la fiction dépasse la réalité. On attend avec intérêt son prochain long métrage.

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