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Déjantés du ciné
27 septembre 2009

Into the wild de Sean Penn

Into_the_wild Réalisé par Sean Penn
Titre original : Into the wild
Année : 2007
Origine : Etats-Unis
Durée : 148 minutes
Avec : Emile Hirsch, Marcia Gay Harden, William Hurt, Jena Malone, Brian H. Dierker, Catherine Keener, Vince Vaughn, Kristen Stewart, Hal Holbrook,..
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Fiche IMDB

Résumé : Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui. Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres. Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.

Quatrième film réalisé par l’excellent acteur Sean Penn, déjà auteur en tant que réalisateur des remarqués (et remarquables) The indian runner (1991), Crossing guard (1995) et The pledge (2001), Into the wild est la biographie filmée d’un jeune américain nommé Christopher MacCandless qui a décidé à 20 ans, après avoir obtenu son diplôme universitaire, de réaliser son rêve : aller en Alaska.

Tiré d’une histoire vraie, Into the wild est un passionnant road movie dressant le portrait complexe d’un jeune homme en rebellion contre la société qui n’hésite pas à tout laisser derrière lui pour ne faire qu’un avec la Nature. Le film de Sean Penn est avant tout un récit initiatique, presque philosophique, centré sur la quête d’identité et la recherche de la sagesse.

Filmé sur les lieux réels foulés par le vrai Christophe MacCandless, dans des paysages magnifiques exaltant la nature sauvage, Into the wild est une invitation au voyage, aussi bien physique qu’intérieur. Suivant la forme du journal intime rédigé par MacCandless, le film est divisé en cinq chapitres bien définis qui vont permettre progressivement au héros de se retrouver. Au gré des lieux traversés et des rencontres, Christophe MacCandless finira par trouver sa voie.

Magistralement incarné par le jeune acteur Emile Hirsch, Into the wild dépasse le stade du road movie. Révolté par la société de consommation, l’importance de la famille, le culte de la réussite et l’omniprésence de l’argent, MacCandless est en colère contre un système capitaliste immuable, un système dont il ne veut plus jamais faire partie.

Inspiré par les récits et romans de Henry Thoreau, Jack London, Boris Pasternak ou encore Leon Tolstoï, il prend la décision de disparaître complètement, de se fondre dans la mère Nature pour quitter à jamais une société injuste et inégalitaire, sans laisser aucune trace de son passage. Il endosse alors un autre nom, Alex Supertramp, donne ses économies à un organisme de charité, brûle les derniers billets qu’il possède et part dans l’immensité des paysages américains.

La grande qualité de Sean Penn est de s’être intéressé profondément au comportement antisocial de MacCandless. Car bien que son héros explique par sa révolte son action, cette révolte contre le système n’est pas la seule cause de ce comportement. Choyé par ses parents (interprétés par le grand William Hurt et Marcia Gay Harden), issus de la classe supérieure américaine, admiré par sa jeune sœur (Jena Malone) qui est aussi la narratrice des aventures de son frère, MacCandless souffre secrètement du dysfonctionnement de sa famille, dont seule sa sœur a droit à son respect.

Entrecoupé par des flashbacks retraçant les relations que MacCandless entretient avec sa famille, Into the wild prend alors une dimension qui dépasse le simple film d’aventures. Car Sean Penn, par l’ambiguïté des liens entre MacCandless et ses parents, crée un véritable suspense qui aboutit à la cause réelle de la fuite de son héros. En effet, il s’agit bien d’une fuite en avant, comme le remarque si justement le beau personnage incarné par Hal Holbrook, Ron Franz, qui lui pose la question : « Que fuis-tu ? ». Par le biais de ses rencontres, dont la plus marquante est celle avec le couple de hippies qui deviendra pour MacCandless / Alex une famille de substitution, celui-ci trouve un sens à sa vie et découvre progressivement la raison de sa haine contre ses parents. Mais il découvre aussi le travail (par le biais du personnage interprété par Vince Vaughn), la solidarité, l’artisanat (le travail sur le cuir, que Ron Franz lui apprend), et bien sûr la toute-puissance de la Nature, cette Nature qui nous a créé mais qui peut aussi nous perdre (comme dans le génial Délivrance de John Boorman, qui date de 1972).

Bercé par les belles chansons d’Eddie Vedder, Into the wild est un passionnant récit, tout en retraçant une aventure humaine hors du commun. Sen Penn montre bien que l’aboutissement du voyage de MacCandless / Alex n’est pas l’Alaska mais bel et bien le paix avec lui-même, le pardon et le bonheur, notions qui ne sont pas forcément incompatibles avec la beauté indomptable de la Nature.

Même si Sean Penn abuse parfois, à mon sens, du ralenti et d’un montage peut-être trop hâché, Into the wild est une fascinante expérience, un film d’aventure qui promène le spectateur au cœur de la Nature sauvage, mais aussi un formidable voyage intérieur à la recherche de l’absolu. MacCandless, à la fin du voyage, une fois qu’il aura fait la paix avec ses démons et lui-même, pourra enfin retrouver son identité, cette identité qu’il n’a cessé de rechercher. Lui qui voulait disparaître laissera une trace, la trace de son passage, celle qui pourra témoigner de son aventure.

Sean Penn donne une formidable leçon de vie, tout en rendant un hommage poignant à Christopher MacCandless, personnalité hors du commun qui pourra rester à jamais gravé dans les mémoires. Et dans la Nature…

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Commentaires
L
Salut, Léo,<br /> <br /> Ta remarque est très intéressante ! C'est vrai que le terme fuite en avant est inapproprié !<br /> <br /> Je suis assez d'accord pour considérer que MacCandless se trompe. Et comme tu le dis, il veut fuir une société qu'il abhorre mais se retrouve tout de même dedans, même si c'est à un niveau différent. De toute façon, peut-on y échapper ?<br /> <br /> Je n'éprouve d'ailleurs pas spécialement de sympathie pour le personnage, car comme tu le dis, il est plus facile de mourir pour une cause que d'y survivre !<br /> <br /> D'ailleurs, j'aime bien Into the wild mais c'est loin d'être l'un des mes films favoris. Et tu as raison sur l'ambiguité du regard que porte Penn sur son héros...
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L
petite rectification, je parlais de cause, je n'en vois pas dans le personnage!
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L
bonjour locktal,<br /> <br /> entièrement daccord avec toi sur cette contemplation d'une nature magnifique dans le film. penn s'est fait plaisir dans ce milieu naturel, cela se sent, et moi aussi à observer de si loin cette beauté américaine. <br /> <br /> Mais, là ou je suis en désacord, et pourtant tu l'as noté dans ton commentaire, c'est à propos de cette fuite. en avant tu as dis. mais en avant vers quoi? oui le personnage repousse en bloc sa société, sa famille (qui en soit, est déjà une société, elle même soumise à une plus vaste), il prend donc la poudre descampette.<br /> il découvre donc le travail, la solidarité etc, ca aussi tu le notes, bref, n'est ce pas cela aussi une vie en société? certes plus recluse, où certains rapports humains peuvent se révéler plus "vrais" ou du moins plus proches, plus palpable si je puis dire. mais McCanless ne s'y arrête pas pour autant malgré ces expériences desquelles il a semble t il tiré plaisir. la béatitude du personnage, je ne la percois que lorsqu'il se sait condamné après n'avoir fait sans cesse que de quitter des situations et lieus.<br /> <br /> a mon sens donc, la ou je suis penn dans sa contemplation de ce qu'il y a de sauvage en amérique, je ne le suis absolument pas dans cette même contemplation du jeune homme. McCanless se trompe, il est toujours plus facile de mourir pour une cause que d'y survivre (clin d'oeil à une préocupation polonaise me permettant d'attendre et de relancer Kieslowski!)<br /> <br /> un film élégant dont la finalité, si elle ne m'échappe pas, me turlupine!
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