La rafle de Rose Bosch
Réalisé par Rose Bosch
Année : 2010
Origine : France
Durée : 115 minutes
Avec : Mélanie Laurent, Jean Réno, Gad Elmaleh, Sylvie Testud, Hugo Leverdez, Raphaëlle Agogué, Anne Brochet, etc.
FICHE IMDB
Résumé : Durant la seconde guerre mondiale, les policiers français ont organisé la rafle de 13000 juifs au vélodrome d'hiver à Paris.
Réalisé par Rose Bosch, La rafle rappelle les terribles événements qui
ont amené le 16 juillet 1942 un peu plus de 13000 juifs à être parqués
au vélodrome d'hiver (le fameux vel d'hiv) avant d'être envoyés dans
des camps où ils ne reviendront jamais. Parmi ces juifs raflés se
trouvaient de nombreux enfants, âgés pour la plupart de 2 à 15 ans.
Si les films qui évoquent cette question de manière plus ou moins
directe sont finalement assez rares (Monsieur Klein de Joseph Losey ou
Au revoir les enfants de Louis Malle), on ne peut dès lors qu'apprécier
l'idée de faire un film qui nous ramène aux sombres heures de notre
pays. C'est par de tels films que l'on continue de se souvenir d'actes
odieux qui ont été perpétrés.
De ce point de vue, le film remplit largement son contrat. Il nous
montre une administration française qui n'a pas hésité à pactiser avec
l'ennemi. Le zèle de la préfecture de police de Paris est pour beaucoup
dans la réussite de cette rafle. On voit plusieurs fois à l'écran le
secrétaire général de la préfecture de police ou encore des personnages
tels que Laval ou encore Pétain. Sur ce plan, il faut bien reconnaître que le film pointe parfaitement du doigt la responsabilité de l'administration française et de policiers zélés qui se sont contentés pour la plupart d'exécuter des ordres.
Les événements sont expliqués dans leur globalité. Même si cela reste
parfois un peu simpliste, on démarre l'action avec les Juifs obligés de
porter la croix jaune, puis on assiste à la rafle et l'on suit l'après,
ce qui demeure assez intéressant. Car on comprend que la rafle n'est
que le début du calvaire pour ces hommes et ces femmes qui n'ont rien
demandé à personne. L'injustice et la barbarie perpétrées sont bien là
pour montrer ce que certains ont presque fini par oublier.
Cependant, malgré ses bonnes intentions, le film est très loin d'être
parfait. La rafle fait même assez peur au début. La France qui nous est
présentée est complètement caricaturale. On a l'impression d'assister à
des images d'Epinal. Les acteurs, qui ne sont pas d'un très haut
niveau, nous donnent franchement l'impression que l'on va assister à
une sorte de téléfilm. Heureusement, par la suite, de ce côté, cela
s'améliore. Quoique côté interprétation, le personnage jouant Hitler
est pathétique. Son apparition lorsqu'il se met à invectiver les gens à
la radio est parfaitement ridicule : on croit à une blague mais non, la
scène se veut sérieuse !
Le film ne manque d'ailleurs pas de scènes quelque peu pathétiques :
l'arrivée des pompiers dans le vel d'hiv part d'une bonne intention
mais la scène, qui s'éternise, finit par devenir soûlante. La palme du
ridicule revient en l'occurrence à Mélanie Laurent (dont
l'interprétation est pourtant plutôt convaincante) qui, en bonne
infirmière, décide du jour au lendemain de voir le préfet. Et elle le
rencontre sur les marches de la préfecture. Cette scène est d'une
incroyable incohérence. Comment croire qu'une femme peut venir comme
elle le souhaite rencontrer le préfet de police qui est tout de même un
des personnages les plus importants de Paris.
Les incohérences sont d'ailleurs légion et c'est ce qui constitue
incontestablement sa grosse faiblesse. Même si Rose Bosch part d'un bon
sentiment, elle adapte tout de même par moments la réalité historique à
sa façon, ce qui devient assez gênant. Ainsi, on voit dans le film,
notamment au début, de nombreux Français prêts à aider les Juifs. Dans
les faits, on sait bien que si quelques Français ont effectivement aidé
des Juifs, ils ont été une minorité. Alors que dans le film on a
l'impression qu'il y a la méchante police d'un côté et de l'autre la
France entière (hormis quelques personnes, comme cette boulangère
raciste, bien caricaturale au demeurant) qui soutient les Juifs, on
sait que la vérité a été beaucoup plus nuancée.
De plus, Rose Bosch se permet quelques écarts avec la réalité
historique qui ne sont pas de bon aloi. Ainsi, vers la fin du film, un
médecin déclare à l'infirmière que joue Mélanie Laurent que les Juifs
qui sont envoyés dans des trains à l'Est ne reviennent jamais car ils
sont gazés dans des camps. Cette idée est complètement erronée puisque
l'on sait parfaitement que l'horreur des camps n'a été découverte que
lors de la libération de ceux-ci. C'est d'ailleurs l'horreur des camps
qui a créé un véritable émoi sur le plan international.
Et puis le dernier point faible du film est sans conteste son côté
larmoyant qui apparaît excessif. Les scènes, avec de grandes envolées
sur le plan musical, sont appuyées voire sur-appuyées. On voit à de
nombreuses reprises des femmes et des enfants qui crient, Mélanie
Laurent se démène dans tous les sens et n'arrête pas de pleurer, on a
droit à moults gros plans. Et puis cerise sur le gâteau, la fin. Si
cette dernière a le mérite de délivrer un message d'espoir avec ces
survivants de l'Holocauste, il n'empêche que là encore la scène est
surlignée ô possible avec des acteurs qui en font des tonnes dans le
côté larmoyant. Un peu plus de mesure n'aurait pas nui au film et
l'aurait rendu tout aussi, voire bien plus intéressant.
Au final, on garde un sentiment mitigé de ce film qui bénéficie d'une
thématique forte mais qui est amoindri par un traitement qui manque
cruellement de finesse. C'est dommage car il y avait moyen de faire un
grand film avec un tel sujet.