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Déjantés du ciné
28 août 2010

Samedi 10 juillet 2010 (avant dernier jour du NIFFF)

SAMEDI 10 JUILLET 2010

 

jenatsch

Jenatsch :

 

Réalisateur : Daniel Schmid

 

Durée du film : 97 minutes

 

Date de sortie du film : 1987

 

Avec : Michel Voïta (Christophe), Christine Boisson (Nina), Vittorio Mezzogiorno (Jenatsch), Jean Bouise (docteur Tobler), Carole Bouquet (Lucrezia), Fredi M. Murer (l'archiviste), etc. 

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé par l'excellent Daniel Schmid, auteur du sublime film La paloma, Jenatsch est la première collaboration de ce cinéaste suisse avec le romancier Suter. Le film utilise le canevas du roman policier, avec une dose d'humour délibérée et bienvenue.

Le film part d'un reportage autour du squelette de Jenatsch (pasteur protestant qui se fit remarquer au XVIIème siècle notamment lors de la guerre de 30 ans et qui mourut en 1639), héros des Grisons, qui a été découvert récemment.

Le professeur Tobler (interprété par un formidable Jean Bouise qui en fait des tonnes !) est un anthropologue qui a découvert Jenatsch. Il possède le grelot de Jenatsch (macguffin hitchcockien ?) qui devrait permettre de retrouver par extension son tueur. Cela va donner l'idée à un journaliste (très bon Michel Voïta), Christophe Sprecher, fait un article sur Jenatsch.

Dans le cadre de ses investigations, Christophe va rencontrer des gens et des lieux qui vont lui rappeler des lieux de l'époque de Jenatch, à tel point qu'à de nombreuses reprises il se retrouve en plein XVIIème siècle. Avec finalement très peu de moyens (juste des habits d'époque et quelques objets caractéristiques), Daniel Schmid réussit à nous faire passer d'une époque à l'autre. Le fantastique peut intervenir dans ce film à n'importe quel moment du quotidien et c'est une qualité évidente de ce long métrage pour le moins curieux.

Comme le dit la dame Von Planta, maîtresse du château où a vécu autrefois Jenatsch, « chaque vérité devient une fiction au moment où elle est passée ».

La question qui se pose dans ce film où on attend impatiemment la résolution de l'intrigue est alors de savoir si Christophe est en mesure d'influer sur l'histoire ou s'il est simplement doué de revoir le passé. Le cinéaste propose à plusieurs reprises de superbes raccords entre le passé et le présent, comme ce moment où Christophe voit Carole Bouquet, qui joue le rôle de l'amie de Jenatsch, passer dans un train.

La fin du film est particulièrement mystérieuse et pose de sérieuses questions sur l'implication de Christophe dans toute cette histoire.

Voilà donc un beau film qui utilise les codes du film d'enquête pour mieux égarer le spectateur avec un aspect fantastique qui s'immisce dans le quotidien le plus banal.

 

Avis de Locktal :

Second film de la rétrospective cinéma suisse du NIFFF 2010 réalisé par le grand Daniel Schmid, Jenatsch est assez différent de La Paloma.

Datant de 1987, Jenatsch narre l'enquête fait par un journaliste nommé Christophe Sprecher (interprété par Michel Voïta) sur un révolutionnaire grison du Moyen-âge nommé Jorg Jenatsch (joué par le regretté acteur italien Vittorio Mezzogiorno, père de la charmante Giovanna Mezzogiorno, l'héroïne notamment du génial Vincere de Marco Bellocchio) et les étranges conséquences que cette enquête a sur lui.

Ludique et inventif, Jenatsch fait naître le fantastique avec des moyens purement cinématographiques, sans effets spéciaux.

Notre héros Christophe se retrouve parfois, sans qu'il sache pourquoi, en changeant juste de pièce ou de lieu, au Moyen-âge au temps de Jenatsch.

Schmid, juste avec un changement d'éclairage, de décor, de vêtements, entraîne le spectateur et le protagoniste dans une autre dimension, sans explication.

Le film s'interroge sur la dimension du temps, sur ce qui fait que nous sommes là ou ailleurs, à cette période ou à une autre (le personnage interprété par Laura Betti pose clairement cette question). Mais Schmid n'assomme jamais le spectateur avec un discours intellectuel trop lourd ou sentencieux, il le fait réfléchir sur le temps tout en restant constamment passionnant.

Jenatsch présente en effet une véritable enquête sur les circonstances de la mort du révolutionnaire, d'autant plus originale que cette enquête se déroule dans deux dimensions.

Schmid utilise parfaitement les ressources cinématographiques pour créer deux ambiances distinctes mais proches à la fois, l'enquête et le journaliste raccordant les deux espaces-temps en un seul.

Au départ observateur, Christophe va finir par devenir acteur, et mettre à jour le secret entourant la mort mystérieuse de Jenatsch.

Bien appuyé par des seconds rôles solides (on retrouve dans la distribution le regretté Jean Bouise, Christine Boisson, Laura Betti ou encore Carole Bouquet), le héros va se retrouver quasiment possédé par le personnage mystérieux de Jenatsch et obsédé par sa quête qui finira par avoir des conséquences négatives sur sa vie et ses proches, notamment sa compagne Nina (Christine Boisson) qu'il va entraîner dans son enquête obsessionnelle.

Après le choc provoqué par La Paloma, Daniel Schmid offre de nouveau un film atypique, mais constamment ludique et prenant, entre réflexion sur le temps et jeu de rôle grandeur nature. Le cinéaste démontre que le fantastique peut naître uniquement de la mise en scène, un peu à la façon de Jacques Rivette ou de Philippe Garrel, ce qui donne un côté très troublant au film.

 

macao

Macao :

 

Réalisateur : Clemens Klopfenstein

 

Durée du film : 90 minutes

 

Date de sortie du film : 1988

 

Avec : Hans-Dieter Jendreyko, Christine Lauterburg, Max Rüdlinger, Hans-Rudolf Twerendold, Tin Hong Che, Sio Heng Ieong, etc.

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé en 1988 par Clemens Klopfenstein, Macao ou l'envers des eaux est certainement l'un des films les plus anthropologiques du cinéma suisse. Il mélange en effet deux cultures différentes, à savoir d'un côté le folklore suisse et de l'autre des croyances asiatiques.

Furieusement romantique, le film l'est aussi bien par sa thématique (l'amour pur d'un couple) que par sa mise en scène très audacieuse.

On est mis dans l'ambiance du film dès le départ avec un couple, Mark et Alice, qui s'aime passionnément et fait l'amour. Le cinéaste a décidé de donner un côté atemporel à cet amour en mettant un filtre bleu.

On voit que Mark a un accident d'avion et c'est la raison pour laquelle on le retrouve dans l'eau avec la valise. La question qui se pose est alors de savoir s'il vit réellement les événements auxquels on assiste ou si tout se passe dans sa tête et qu'il est finalement au seuil de la mort.

Pour l'instant ce n'est pas la question. Mark débarque à Macao (une presqu'île au sud de la Chine) et est accueilli par un chinois. Il y a d'abord la barrière de la langue. Très intelligemment, le cinéaste a mis le spectateur dans la même situation que son principale protagoniste en décidant de ne pas sous-titre le langage parlé par le chinois.

Ce séjour va être l'occasion pour Mark, qui ne réussit pas à quitter cet endroit, de s'adapter à la langue (la jeune Ping-Ping lui apprend quelques mots) et aux coutumes locales.

A de nombreuses reprises, il y a des raccords entre ce que vit (ou ce que fantasme) Mark et ce que vit sa femme Alice. Comme sublime preuve d'amour, cette dernière décide d'ailleurs de partir à sa recherche.

Très beau sur le plan visuel, Macao offre de nombreuses scènes surréalistes comme ce moment où  Mark et le capitaine Kreuger rament sur une barque, avec comme fond d'écran de fausses étoiles.

L'interprétation des acteurs est sans faille et on appréciera aussi bien leur jeu pur que les chansons qui émaillent le film et accroissent le côté romantique de ce long métrage.

Au final, Macao est un beau drame romantique qui comporte un vrai côté dépaysant par son action qui se déroule en grande partie en Asie.

 

Avis de Locktal :

Réalisé par le cinéaste suisse Clemens Klopfenstein, Macao est une œuvre étrange et onirique.

Le film suit le parcours d'un homme, dont l'épouse est restée à la maison, qui part en avion pour la Suède et se retrouve étrangement à Macao, en compagnie du commandant de bord.

Par une utilisation remarquable des paysages naturels, Klopfenstein crée un climat d'étrangeté qui infuse tout le film et pousse les protagonistes, ainsi que le spectateur, à s'interroger. Il maintient un suspense constant jusqu'à une révélation finale étonnante.

Ponctué de scènes de comédie (notamment les rapports souvent drôles entre notre héros et le commandant de bord), Macao prend son temps pour imposer un ton contemplatif et lancinant, où la dureté et la rapidité de la vie quotidienne cèdent la place à une flânerie appréciable, apaisée.

Proche de l'atmosphère d'un film de David Lynch, Macao ne cesse de surprendre. Pourquoi ces deux hommes ont-ils atterri ici ? Pourquoi les habitants de l'île ne les comprennent pas mais leur sont totalement dévoués ? Pourquoi ne peut-on pas sortir de l'île ?

Ces questions sans réponse font naître un fantastique subtil, basé sur l'ambiance, la moiteur du climat, dans lequel les héros ne semblent pas parler le même langage que les autochtones, littéralement mais aussi symboliquement.

Par ailleurs, le contraste avec la vie que continue de mener l'épouse du héros en pleine ville est extrêmement fort, malgré le fait que le couple soit fasciné par les chants traditionnels suisse (voir la première scène du film), qui sonnent alors comme une véritable évasion de l'enfer urbain, au même titre que l'environnement apaisant de Macao.

Hopfenstein n'en oublie pas pour autant l'amour qui unit ces deux personnes et clôt son film sur une scène finale particulièrement émouvante et poétique, même si elle est aussi tragique dans un sens.

Bref, Macao est une belle découverte, un poème qui joue sans cesse sur les contrastes et les oppositions, tout en offrant au spectateur un twist qui n'a rien à envier aux twists des films contemporains comme Sixième sens de M. Night Shyamalan ou Les autres d'Alejandro Amenabar.

 

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Djinns :

 

Réalisateurs : Hugues et Sandra Martin

 

Durée du film : 100 minutes

 

Date de sortie du film : 11 août 2010

 

Avec : Grégoire Leprince-Ringuet (Michel), Thierry Frémont (Vacard), Aurélien Wiik (Saria), Stéphane Debac (Durieux), Emmanuel Bonami (Ballant), 

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé par Hugues et Sandra Martin, qui sont frère et soeur, Djinns marque l'incursion du fantastique à une époque historique particulièrement marquante dans l'histoire de France. En effet, l'intrigue a lieu dans le sud de l'Algérie en 1960. On suit des militaires français qui combattent le FLN.

L'étrangeté qui va marquer ce film est présente dès le départ avec cet homme que l'on voit erreur et tirer une mallette, alors qu'il semble quasiment mort. L'intrigue est relativement simple avec cette patrouille militaire qui a comme but de retrouver un avion qui s'est écrasé dans le désert.

Pour autant, une fois que cet avion et ces occupants décédés sont retrouvés, cette patrouille est loin d'être au bout de ses peines. Car entre les combats contre des sympathisants du FLN et la paranoïa qui atteint certains militaires, il y a de quoi faire.

Les djinns ne joueraient-ils pas un rôle actif dans cette guerre. En effet, les djinns sont des génies, bons ou mauvais, qui seraient dotés d'importants pouvoirs. Dans le cas présent, ces créatures mystérieuses, qui sont invisibles aux yeux de presque tous, ont une capacité certaines à déstabiliser l'esprit humain.

Le film montre parfaitement ces personnages qui perdent complètement les pédales ce qui amène plusieurs fois les militaires français à se battre les uns contre les autres. La force du film est sans conteste de laisser le doute dans la tête du spectateur : ces personnages seraient-ils victimes d'hallucinations ou serait-ce le travail des djinns ? De ce point de vue, le film fait d'intéressants parallèles, comme entre l'arrivée du djinn et ce qui a eu lieu en Indochine pour un personnage.

L'ambiance du film est constamment sérieuse et permet de rester dans cet univers étrange où les situations sont tendues.

La distribution du film se révèle efficace, notamment Grégoire Leprince-Ringuet dans un rôle de jeune militaire qui le change carrément de ses rôles dans divers films d'auteur.

Bien que jouant sur un côté fantastique, le film n'hésite pas à prendre parti. Non seulement il retombe parfaitement sur ses pattes à la fin mais en outre il dénonce un fait politique qui est loin d'être anodin et explique les événements du film.

Au final, malgré un rythme un peu lent et une intrigue qui n'évolue pas beaucoup, Djinns est plutôt à compter parmi les oeuvres fantastiques françaises réussies.

 

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Hugues et Sandra Martin ont été présents au début du film pour présenter leur premier long métrage et à la fin pour répondre à quelques questions. Ils ont fait savoir entre autres que :

  • Le projet de leur prochain film est une adaptation des croix de bois dont ils ont obtenu les droits.

  • Le budget de Djinns a tourné autour d'1,9 million d'euros.

  • Leur inspiration pour faire Djinns a été le film The thing. D'ailleurs ils sont tous les deux fans de l'oeuvre de John Carpenter.

 

Avis de Locktal :

Réalisé en 2010 par le couple français Hugues et Sandra Martin, Djinns est une tentative originale de cinéma de genre à la française.

Prenant comme contexte la guerre d'Algérie, Djinns suit le quotidien d'une escouade de soldats dans le désert pour effectuer une mission secrète représentée par une mystérieuse malette qui joue en fait le rôle du MacGuffin hitchcockien et qui vont être confrontés à d'étranges créatures dans le désert.

Mélange assez réussi de film de guerre et de film d'horreur psychologique et paranoïaque, Djinns parvient à instaurer une ambiance tendue, profitant assez habilement du décor des dunes de sable qui semblent s'étaler à perte de vue.

Le film prend le point de vue d'un soldat novice prénommé Michel, interprété de manière convaincante par le jeune acteur Grégoire Leprince-Ringuet (notamment vu dans Les chansons d'amour de Christophe Honoré ou dernièrement dans l'intéressant L'autre monde de Gilles Marchand, sorti cette année au cinéma).

Il semble qu'au fur et à mesure de leur avancée dans le désert, ces soldats soient suivis par de mystérieuses entités invisibles. Arrivés dans un village perdu dont ils prennent immédiatement possession, ils vont vivre une véritable nuit de cauchemar.

S'inspirant des djinns, créatures invisibles issues de croyance de tradition sémitique, notamment arabe, pouvant prendre différentes formes et ayant une capacité d'influence spirituelle et mentale sur les hommes, Hugues et Sandra Martin utilisent ces djinns afin de mettre les soldats face à leurs responsabilités.

Seul le personnage de Michel semble épargné, quoique...

Tablant sur une atmosphère paranoïaque proche de celle du génial The thing de John Carpenter, les deux réalisateurs créent une grande confusion chez les soldats, qui finissent tous par s'opposer, leur esprit étant manipulé par les fameux djinns, et réussissent une dernière partie prenante

Notamment, le personnage de chef interprété avec force par Thierry Frémont est l'un des plus marquants du métrage, véritable machine à tuer qui n'a plus rien à perdre.

Il est cependant dommage que Hugues et Sandra Martin n'aient pas plus développé le contexte de la guerre d'Algérie (même si la dernière scène y fait référence) et que les portraits des soldats n'aient pas été plus approfondis, mis à part ceux interprétés par Frémont et Leprince-Ringuet. Du coup, le spectateur a du mal à différencier ces soldats et donc de s'attacher à eux. De même, le personnage interprété par Saïd Taghmaoui semble inutile à la progression de l'intrigue.

Cela dit, Djinns reste une œuvre tout à fait honorable qui mérite d'être découverte, d'autant qu'elle bénéficie d'effets spéciaux convaincants.

A noter que Hugues et Sandra Martin étaient présents lors de la projection du film et ont notamment expliqué la genèse du film.

 

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Black death :

 

Réalisateur : Christopher Smith

 

Durée du film : 102 minutes

 

Date de sortie du film : prochainement (film de 2010)

 

Avec : Sean Bean (Ulric), Eddie Redmayne (Osmund), Kimberley Nixon (Averill), Carice van Houten (Langiva), etc. 

 

Avis de Nicofeel :

Après de purs films d'horreur que représentent Creep, Severance et Triangle, Christopher Smith nous revient avec un film, Black death, qui se situe à une époque très différente de ses autres longs métrages.

L'action du film se déroule en 1348, au moment où sévit la peste noire, d'où le titre du film. Bénéficiant d'une très belle photographie grisâtre qui accroît l'ambiance inquiétante, Black death retranscrit parfaitement cet univers moyen moyen âgeux où la peste est crainte plus que tout.

On nous montre bien que durant cette époque trouble, certaines femmes sont accusées d'être responsables de ces maux. On brûle sur des bûchers des femmes que l'on pense être des sorcières. 

Le film est efficace par sa capacité à évoquer une période où les superstitions sont particulièrement marquées. Les scènes d'action ou plus généralement celles de meurtres ne sont pas très nombreuses mais elles ne s'oublient pas de sitôt en raison de leur violence (personnes brûlées, tuées froidement, écartelées).

On suit tout au long du film les pérégrinations d'un moine, Osmund, qui est secrètement à la recherche de son amie Averill, et de l'équipe d'un chevalier, Ulric, bien décidée à brûler les sorcières et à tuer les impies. Ce chevalier, interprété par un excellent Sean Bean (le Boromir du Seigneur des anneaux), ne fait pas dans le sentimentalisme et se révèle intransigeant à l'égard de ceux qui refusent le catholicisme.

A l'inverse, on aura droit durant le film à une confrontation avec des personnages très différents lors de la description d'une communauté de païens.

La force du film de Christopher Smith est qu'il ne se montre jamais en faveur d'un côté ou d'un autre.

Black death donne à son cinéaste l'occasion d'évoquer clairement les dérives de la religion avec l'exemple d'Ulric puis de Osmund qui acquiert une haine certaine envers l'humanité et se sert de Dieu pour tuer des gens. La fin du film rappelle sans conteste les tortures de soi-disantes sorcières. Pour christopher Smith, personne n'est à sauver dans cette histoire, à commencer par son principal protagoniste, devenu un véritable anti-héros.

En synthèse, malgré une fin de film trop rapidement exécutée, Black death est une vraie réussite. Ce long métrage est beaucoup plus ambitieux que les précédents films de Christopher Smith, qui souhaite manifestement dépasser son statut de réalisateur de séries B.

 

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Christopher Smith a été présent au début du film pour présenter son long métrage et à la fin pour répondre à quelques questions. Il a fait savoir entre autres que :

  • Son inspiration principale pour faire Black death a été Au nom de la rose ;

  • Le choix de cette histoire est dû au fait qu'il s'intéresse à la religion et à cette époque historique.

  • Son prochain projet est un film de science-fiction réaliste.

 

Avis de Locktal :

Réalisateur des sympathiques Creep et Severance, Christopher Smith change de registre avec Black Death et livre un film d'aventure sombre et barbare, qui critique très clairement le fanatisme religieux sous toutes ses formes.

Prenant comme point de départ le fait que la peste noire serait une punition divine, le cinéaste va s'évertuer à suivre quelques hommes mené par Ulric (interprété par Sean Bean, vu dans GoldenEye de Martin Campbell, Silent hill de Christophe Gans ou encore dans la trilogie de Peter Jackson Le seigneur des anneaux dans le rôle de Boromir)  , accompagnés par une jeune moine, qui ne comprennent pas pourquoi un village semble épargné par le fléau et qui doit donc être sous l'emprise de la sorcellerie.

Au fur et à mesure que le groupe d'hommes progresse et découvre les horreurs provoquées par la peste mais aussi par les chrétiens qui brûlent sans sourciller des jeunes femmes soupçonnées de sorcellerie, il découvre un monde qui suinte la mort, où les guerres et les maladies ont fait des ravages.

Pour le jeune moine, la découverte du monde se révèle un choc, lui qui n'est quasiment jamais sorti de son monastère, d'autant qu'il voit aussi les monstruosités perpétrés par ses pairs étant aussi hommes de Dieu.

Christopher Smith réussit à créer une ambiance poisseuse, noire, mortifère, renforcée par une photographie sombre.

L'arrivée dans le fameux village épargner va mener à la confrontation directe entre le groupe d'hommes et une jeune femme qui semble tenir la communauté sous son joug. Smith va opposer paganisme (représenté par la jeune femme, interprétée par la belle Carice Van Houten, l'héroïne du superbe Black book de Verhoeven, et le village)  et christianisme (représenté par le groupe d'hommes de Dieu) dans un duel sans merci, où chacun cherche à faire entendre sa voie.

Si le cinéaste anglais semble plus compatissant envers les hommes de Dieu que les païens, il ne prend pas parti, renvoyant dos à dos tous les extrémismes et montrant surtout que la religion, quelle qu'elle soit (païenne, catholique,...), peut se révéler dangereuse si elle est utilisée à des fins politiques, voire manipulatrice.

Moins puissant que le sublime La chair et le sang de Verhoeven, Black death est une bonne surprise. On pourra juste lui reprocher une fin trop rapide se concentrant sur le jeune moine quittant les ordres et se réfugiant dans l’extrémisme religieux, brûlant des sorcières à tout va, conséquence de la manipulation qu'a exercé sur lui le personnage interprété par Carice Van Houten. Cette passionnante transformation aurait dû à mon sens donné lieu à un développement plus conséquent.

Au final, Black death est un film a découvrir absolument, qui peut laisser entendre (et ce serait une bonne chose) que son réalisateur va désormais se consacrer à des projets plus ambitieux.

A noter que Christopher Smith était présent lors de la projection et a répondu avec décontraction aux questions des spectateurs.

 

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L'inconnu de Shandigor :

 

Réalisateur : Jean-Louis Roy

 

Durée du film : 90 minutes

 

Date de sortie du film : 1967

 

Avec : Daniel Emilfork (von Krantz, le savant), Howard Vernon (Yank / Bobby Gun), Serge Gainsbourg (le chef des chauves), Marie-France Boyer (Sylvaine), Ben Carruthers (Manuel), etc.

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé en 1967 par le cinéaste suisse Jean-Louis Roy, qui fait partie des cinéastes suisses importants (d'où sa présence au club des 5 qui a justifié sa volonté de faire ce film), L'inconnu de Shandigor a été présenté au au festival de Cannes.

Si le film rappelle sans conteste les James Bond, il en propose délibérément une version parodique.

La première image du film montre la bombe nucléaire et cela permet directement de faire le lien avec Herbert von Krantz, sorte de savant fou. Ce dernier possède l'annulator, un objet que l'on peut considérer comme le macguffin hitchcokien du film, et qui doit permettre à son propriétaire de devenir le maître du monde.

Présenté dans un beau noir et blanc, L'inconnu de Shandigor ne se prend jamais au sérieux. Il y a d'abord toute une ribambelle de personnages plus curieux les uns que les autres. Le savant fou est joué par Daniel Emilfork qui a déjà un physique pour le moins atypique ; au rayon des personnages étonnants il y a aussi Serge Gainsbourg qui interprète le rôle du chef des chauves. On a également l'excellent Howard Vernon qui joue le rôle de Yank, un ancien chef SS reconverti qui travaille désormais pour le Pentagone.

De manière délibérée, Jean-Louis Roy a choisi de ne pas expliciter les rapports entre tous les personnages, de telle sorte qu'il est parfois un peu difficile de tout comprendre.

Pour autant, le rythme rapide du film, le jeu outrancier des acteurs et les scènes très drôles permettent de passer un bon moment. 

Et puis il faut tout de même bien voir que la finalité du film est loin d'être très complexe. On voit bien que le but du jeu est d'annihiler ce savant fou qui, sur le plan privée retient sa fille dans une situation de quasi prisonnière et qui sur le plan public menace le monde.

On a donc droit à un fabuleux duel final, totalement décalé, entre Howard Vernon et un Daniel Emilfork au physique si particulier déguisé en homme-poisson.

Evidemment, tout finit pour le mieux dans le meilleur des mondes avec un « vilain » qui est supprimé. Les couples que l'on aura vu dans le film repartent chacun de leur côté.

Au final, même si L'inconnu de Shandigor a un aspect fun incontestable, cela demeure un film mineur qui vaut avant tout pour son casting particulièrement étonnant et hétéroclite.

 

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Jean-Louis Roy a été présent au début du film pour présenter son long métrage et à la fin pour répondre à quelques questions. Il a fait savoir entre autres que :

  • Black out a été tourné parce qu'il faisait partie du groupe des 5, sinon il n'aurait jamais tourné ce film.

  • La musique est signée comme Black out Alphonse Roy. C'est le père de Jean-Louis Roy. Il s'agit d'un musicien de musique classique (question de Nicofeel).

  • Les décors naturels ont été choisis pour leur côté graphique (le parc Güel, la cathédrale faite par Gaudi à Barcelone).

  • Sans compter les rappels aux films noirs et notamment ceux d'Aldrich, la référence principale du film reste James Bond.

 

Avis de Locktal :

Réalisé par Jean-Louis Roy, l'auteur de l'excellent Black-out, L'inconnu de Shandigor est un film totalement différent, empreint l'ambiance des années 1960.

Film d'espionnage non-sensique et absurde, le métrage semble vouloir parodier l'univers des James Bond, qui cartonnait à l'époque, tout en y mêlant une fantaisie délicieuse et une certaine poésie.

Peuplé de personnages grotesques et caricaturaux, L'inconnu de Shandigor est une sympathique réussite, qui se démarque clairement du cinéma suisse plus tenté par le cinéma dit d'auteur.

Bien épaulé par de savoureuses prestations des regrettés Daniel Emilfork ou encore Serge Gainsbourg, Jean-Louis Roy crée un univers proche de la bande-dessinée, dans lequel tout est possible.

Le film mélange habilement la comédie, le film d'aventure et la romance pour un résultat étonnant, qui pourrait à la limite se rapprocher de certaines fantaisies de Jess Franco, l'érotisme agressif du cinéaste espagnol en moins. Cela ne veut pas dire que L'inconnu de Shandigor est dénué de sensualité, bien au contraire.

Comme dans les James Bond, il y est question de domination et de pouvoir, le cinéaste ayant aussi apporté un soin particulier aux décors délirants dans lesquels les personnages se débattent et un sens du burlesque étonnant. La trame est quasiment incompréhensible, le spectateur ne distinguant plus au bout d'un moment les gentils des méchants, ce qui apporte une confusion grand-guignolesque voulu par le cinéaste suisse.

Rythmé par une bande-son typique des sixties, L'inconnu de Shandigor demeure une curiosité à découvrir, qui prouve la diversité dont peut faire preuve Jean-Louis Roy.

A noter que Jean-Louis Roy était présent et a répondu aux questions des spectateurs sur la genèse de cet OFNI.

 

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The house of the devil :

 

Réalisateur : Ti West

 

Durée du film : 115 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2009)

 

Avec : Jocelin Donahue (Samantha Hughes), Tom Noonan (Mr Ulman), Mary Woronov (Mrs Ulman), Greta Gerwig (Megan), etc.

 

Avis de Locktal :

Réalisé par Ti West, l'auteur des sympas mais non transcendants The roost ou encore Cabin fever 2, The house of the devil rend un bel hommage aux films d'horreurs des années 1980, musique et vêtements à l'appui.

On y suit une jeune femme prénommée Samantha (interprétée par la délicieuse Jocelin Donahue) acceptant le job de baby-sitter pour une soirée d'une vieille femme qui serait la mère du demandeur, demeurant dans un magnifique maison isolée.

Se déroulant dans les années 1980, le film bénéficie d'une reconstitution soignée de cette période déjà kitsch qui transporte littéralement le spectateur au coeur de ces années, réveillant un doux parfum de nostalgie.

The house of the devil fait penser au très connu Terreur sur la ligne de Fred Walton (1979) et reprend en gros la trame de ce célèbre thriller horrifique.

La première partie utilise très efficacement le décor quasi-unique de la maison qui terrorise sans cesse Samantha, personnage qui se retrouve seule et dont Ti West épouse tout le temps le point de vue. Il joue notamment habilement sur les longs couloirs sombres ou les portes énigmatiques, aidé en cela par une bande-son très travaillée.

Progressivement, Samantha sent qu'il se trame quelque chose de mystérieux et tente d'en savoir plus, d'autant que son amie venue l'accompagner semble avoir disparu. Ti West crée une atmosphère tendue et étrange qui finit par influer sur l'héroïne et la conduit à une découverte macabre qui fait changer de ton le film, qui dans son dernier quart d'heure multiplie les effets chocs et gore, alors que le film était basé jusque là sur la suggestion.

A noter la présence inquiétante de la cultissime Mary Woronov, qui joue le rôle de l'épouse du demandeur, vue notamment dans les délirants Sugar cookies, Death race 2000 ou encore dans le Nomads de MacTiernan.

Sans être révolutionnaire, The house of the devil est un film fort sympathique qui tient en haleine le spectateur pendant 1h30, sans que le rythme ne s'affaiblisse, conduisant le spectateur de surprise en surprise.

 

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Reykjavik whale watching massacre :

 

Réalisateur : Julius Kemp

 

Durée du film : 84 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2009)

 

Avec : Pihla Viitala (Annette), Nae (Endo), Terence Anderson (Leon), Miranda Hennessy (Marie-Anne), Aymen Hamdouchi (Jean François), Carlos Takeshi (Nobuyoshi), etc. 

 

Avis de Nicofeel :

Film islandais réalisé par le cinéaste Julius Kemp, Reykjavik whale watching massacre (RWWM) part d'un postulat de base intéressant. Ainsi, on voit au début du film des images d'archives avec des pêcheurs de baleine. Avec l'interdiction de la pêche à la baleine, l'Islande est passée dans les principales nations au niveau de l'observation de baleines (whale watching), d'où le titre du film.

Pour autant, alors que l'on aurait pu s'attendre à un film qui joue la carte du film tendu à souhait (après tout le titre du film est un clin d'oeil au cultissime Massacre à la tronçonneuse), au contraire on va se retrouver avec un long métrage jouant à fond sur le côté humoristique. On est donc plus proche d'un Severance de Christopher Smith que d'un pur survival bien méchant.

L'humour est d'ailleurs bine bien gras avec des acteurs en roue libre totale. On a par exemple ce jeune sud-coréen qui n'hésite pas à vanner certaines femmes qui ont regagné le bateau en déclarant qu'elles sont « encore plus moches que les salopes coréennes ».

Même si le film est clairement orienté dans un style que l'on pourrait qualifier de comédie gore, il faut bien reconnaître que plusieurs passages de RWWM sont vraiment débiles, comme ce moment où la jeune fille blonde dit au garçon noir qu'elle l'aime bien alors que celui-ci lui avoue qu'il est gay et l'invite à calmer ses préjugés sur les gays.

Le film n'oublie pas pour autant de faire dans le gore qui tâche avec par exemple le frère d'un des tueurs qui envoie une hache qui décapite un personnage. Il y a aussi le moment où le garçon noir réussit à exploser la tête du gros frère psychopathe ou encore le frère débile déclare que les fusées de détresse sont réservées pour les cas d'urgence. Et puis il y a  l'handicapé avec des baguettes au cou. Tout ceci est plus fun qu'autre chose.

Le film qui se veut (un peu) ironique livre au spectateur du pur gore fun. C'est certes (parfois) sympathique mais le film aurait sans conteste gagné en intérêt avec un traitement plus sérieux.

Car il faut bien reconnaître que les méchants du film ne font franchement pas peur et que la tension n'est pas vraiment présente. Tous les personnages ressemblent surtout à des caricatures. On pourra aussi regretter que le contexte social soit à peine abordé avec les pêcheurs au chômage qui font écho à une Islande en plein désarroi sur le plan économique. 

En somme, voilà un film horrifique avec peu d'intérêt qui aurait été plus marquant avec un ton plus sérieux.

                                                                                                                                                Suite et fin de l'article

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Déjantés du ciné
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