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Déjantés du ciné
28 août 2010

Jeudi 8 juillet 2010 (suite du NIFFF)

JEUDI 8 JUILLET 2010

 

silesoleil

Si le soleil ne revenait pas :

 

Réalisateur :  Claude Goretta

 

Durée du film : 120 minutes

 

Date de sortie du film : 1987

 

Avec : Charles Vanel (le père Antoine), Philippe Léotard (Arlettaz), Catherine Mouchet (Isabelle Antide), Raoul Billerey, Claude Evrard, etc.

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé en 1987 par Claude Goretta, Si le soleil ne revenait pas a été présenté la même année à Venise que La vallée fantôme, film de l'autre grand auteur suisse, Alain Tanner. Ces auteurs font partie du groupe 5 qui fait écho à un nouveau cinéma suisse en 1968. Le film est l'adaptation du dernier roman de Charles-Ferdinand Ramuz. C'est une chronique sociale qui nous présente une communauté de montagnards. C'est un quasi huis-clos, malgré les scènes d'extérieur, car cette communauté villageois vit en autarcie.

C'est d'ailleurs cette vie isolée qui explique que ces montagnards prennent avec beaucoup de considération les prédictions du père Antoine, le vieux sage du village. Pour ce dernier, le soleil, qui est obscurci par les images (la première scène du film est un soleil qui est obscurci par les nuages puis on voit des paysages enneigés), ne reviendra plus. Avec plusieurs années d'avance ce film a une considération écologique mais il démontre surtout quelle importance peuvent revêtir de simples croyances locales.

Les dires du père Antoine influencent fortement les habitudes de vie de tous ces gens. On voit le curé, figure essentielle du village, s'en aller. Il y a surtout, comme en temps de guerre, des gens toujours pour profiter de ces moments troubles. Le notable de la ville rachète ainsi pour une bouchée de pain les terrains d'Arlettaz (Philippe Léotard dans un rôle de composition qui rappelle étrangement sa vie privée). Il faut dire qu'Arietta a perdu toute envie et passe ses journées, telle une loque, à boire jusqu'à oublier. Il ne se remet pas de la perte de sa fille. Il ne croit plus en Dieu.

Il y a également ceux qui sont dépités et qui attendent que la vie se termine.

Mais au milieu de cet océan de désespérance, il y a des gens qui gardent continuellement espoir. La figure d'Isabelle, jouée par une Catherine qui illumine l'écran par sa joie de vivre, est de ce point de vue particulièrement marquante. Ce n'est d'ailleurs pas anodin que celle qui est parmi les plus jeunes du village au sein adultes (elle a 25 ans) conserve un espoir et souhaite avoir des enfants avec son époux.

On notera que Claude Goretta ne décrit pas que des personnes désireuses de profiter de la situation, il montre aussi des personnages qui restent solidaires entre eux, notamment quand il s'agit de monter sur la montagne le jour de la prophétie pour voir si le soleil va vraiment disparaître. Un personnage, qui rappelle bien la situation actuelle dit : « Debout les morts ». On aura droit à une très belle scène marquée par le retour du soleil. Un sublime travelling latéral de Claude Goretta nous montre des visages qui revivent, qui sont illuminés. On verserait presque une larme devant une si belle scène. De manière étonnante, le retour du soleil coïncide avec le décès du père Antoine. Ce n'est pas un hasard si pour la première fois on voit une scène avec des enfants : ils représentent l'avenir de la société.

Très beau film de Claude Goretta, Si le soleil ne revenait pas mérite autant d'être vu par son histoire originale que par sa belle mise en scène et sa distribution.

 

Avis de Locktal :

Réalisé par le grand cinéaste suisse Claude Goretta, auteur des célèbres La dentellière ou L’inondation, Si le soleil ne revenait est une chronique villageoise subtile et émouvante.

Présenté en 1987 au festival de Venise, en même temps que La vallée fantôme de son compatriote Alain Tanner, le film est l’adaptation du dernier roman de Charles-Ferdinand Ramuz. Il part du postulat étonnant des conséquences qu’entraînerait le non-retour du soleil sur les gens d’un village isolé dans la montagne, qui acceptent d’ailleurs cette annonce sans trop se poser de questions.

Le village semble avoir comme patriarche le père Antoine (interprété par le grand Charles Vanel), qui lancerait des oracles (ici l’arrivée imminente de la fin du monde suite à la disparition du soleil). Respecté par tous, le père Antoine semble avoir une emprise non négligeable sur les villageois, qui le considèrent comme empreint de sagesse.

Seuls trois personnages semblent indifférents aux prédictions du père Antoine : le personnage prénommé Arietta interprété par Philippe Léotard, inconsolable depuis la disparition de sa fille et souhaitant mourir ; la jeune femme optimiste prénommée Isabelle et jouée admirablement par Catherine Mouchet (la Thérèse d’Alain Cavalier) ; le notable du village qui fait mine de rien pour pouvoir tirer profit de la situation.

Depuis l’oracle, le village semble être constamment en état d’alerte, révélant au fur et à mesure la véritable nature des protagonistes.

Perdu dans la montagne, ce village aux mœurs encore archaïques, sur lequel le temps n’a pas de prise, est soumis à l’emprise de la religion, cette religion qui permet aux gens de vivre. Les villageois, inquiétés par la prédiction, semblent interpréter les signes qu’ils pensent discerner comme des signes annonciateurs de l’apocalypse.

Face à cette alarmante situation, le notable, loin d’être naïf et de croire en cet oracle, se révélera alors ne penser qu’au profit, n’hésitant pas à dépouiller Arietta en rachetant pour une bouchée de pain son précieux terrain.

La lumière grisâtre, représentant l’obscurantisme dans lequel est maintenu le village, et la neige omniprésente donnent un aspect triste, qui se dissipera avec l’arrivée du soleil, écartant la brume incessante qui recouvrait le village.

Goretta filme les beaux visages marqués des villageois comme des paysages. La description quasi-documentaire des activités quotidiennes du village montre celui-ci vivant presque en autarcie, où un curé vient célébrer de temps en temps une messe. Le cinéaste insiste aussi sur la solidarité qui existe entre la plupart des habitants.

Alors que la radio ne cesse de diffuser des flashes sur la guerre civile espagnole et le général Franco, la vie malgré tout continue tant bien que mal, et certains protagonistes ne changent rien à leurs habitudes, comme Isabelle qui désire ardemment un enfant avec son compagnon.

Goretta filme simplement cette vie villageoise, en portant un regard humaniste et tendre sur la communauté qui tente de subsister.

La scène finale est magnifique : un groupe de villageois (dont Isabelle) monte en haut des montagnes et finit par revoir ce soleil qui semblait avoir disparu et qui réapparaît progressivement, illuminant les visages dans un élégant travelling.

Parallèlement, le père Antoine, qui maintenait le village dans l’obscurantisme, meurt, alors que les villageois redécouvrent la lumière.

Au final, Si le soleil ne revenait pas est un film superbe, qui rappelle un peu certaines œuvres de Werner Herzog (comme Cœur de verre) ou des frères Taviani.

 

 

Der dämon des Himalaya :

 

Réalisateur :  Andrew Marton

 

Durée du film : 92 minutes

 

Date de sortie du film : 1935

 

Avec : Gustav Diessl (docteur Norman), Erika Dannhoff (Anne), Günter Oskar Dyhrenfurth (professeur Wille), Jamila Marton (Ellen), etc.

 

Avis de Nicofeel :

Réalisé en 1934 par le hongrois Andrew Marton, qui a été entre autres deuxième réalisateur sur Ben-Hur ou encore assistant de Frank Capra, Der dämon des Himalaya est du cinéma grand spectacle des années 30.

La musique du film qui est assez célèbre pour son côté symphonique est signée Arthur Honegger. Elle comporte par instants des morceaux orientalisants.

Comme on peut s'en douter, le film est en noir et blanc (et la copie que l'on a pu voir était correcte, sans plus). Il s'agit d'un film-prétexte pour financer une expédition au Tibet. Ce film qui fut tourné en Inde et au Tibet, évoque une expédition internationale de l'Himalaya.

Si pour son époque  Der dämon des Himalaya a pu être considéré comme un film d'aventures sympathique, il faut bien reconnaître qu'il a pris aujourd'hui un sérieux coup de vieux. D'autant que la phase de présentation est longue avant que ne commence réellement l'expédition de l'Himalaya.

Certaines scènes proposent des visions effrayantes pour les personnages mais pour le spectateur actuel cela n'a rien d'effrayant. Andrew Marton est bien gentil mais ces masques font plus sourire qu'autre chose.

Le film comporte quelques moments comiques notamment quand un des accompagnateurs (vision très colonialiste, il faut voir que le film date de 1934) se sert en whisky et remet de l'eau à la place. Ou encore quand ils tuent le traître qui se cache parmi eux et qu'ils se mettent ensuite à danser.

Les quelques moments de tension ne durent que peu de temps, qu'il s'agisse de l'avalanche ou encore de la mutinerie qui a lieu au campement. Franchement, le manque de tension est tout de même préjudiciable à ce film qui finit presque par être ennuyeux.

Ce ne sont malheureusement pas les acteurs qui vont relever le niveau, leur jeu étant souvent caricatural, notamment l'un des acteurs principaux, interprétant le rôle de Norman.

Bénéficiant d'un budget peut-être correct pour l'époque mais qui apparaît aujourd'hui comme très faible (d'où le côté carte-postale avec dans les premières minutes du film une image du Taj-Mahal ou encore une expédition qui est évoquée par une ligne tracée sur une carte),  Der dämon des Himalaya ne supporte plus guère le poids des ans et est un film parfaitement dispensable.

 

Avis de Locktal :

Réalisé par le cinéaste d’origine hongroise Andrew Marton, qui a notamment tourné la célèbre séquence de char du Ben-Hur de William Wyler et qui a été l’assistant réalisateur de Frank Capra et de Joseph L. Mankiewicz, ce film d’aventure à grand spectacle a été tourné en décors naturels, où le spectateur suit une expédition partant à la conquête de l’Himalaya pour ramener un précieux objet en or.

Sur une musique symphonique plaisante d’Arthur Honegger, le film a des allures de serial avec différentes actions bien marquées se succédant : fronde des coolies, vol du pétrole,…

Der Dämon des Himalaya se suit sans déplaisir, mais n’apporte rien de bien neuf au genre, si ce n’est l’apparition du fameux démon du titre, qu’on découvre au début du film sous la forme d’un masque inquiétant dans l’appartement du héros et qui est toujours présent à l’esprit (ou dans l'esprit du héros).

Ce démon peut-être mental freine toutes les actions du protagoniste, il peut être vu comme sa mauvaise conscience, n’existant que dans son esprit tourmenté.

Lors de l’ascension finale de l’Himalaya, tous ses compagnons de voyage meurent, sauf lui, protégé par le talisman de la déesse Kali (qu’on lui a donné) qu’il remerciera à la fin.

Le démon libérera l’esprit de notre héros lorsque sa compagne Anne restée dans l’appartement, brise le masque en mille morceaux.

Il est dommage que Marton n’ait pas plus exploité les possibilités de ce démon de l’esprit, mais il offre néanmoins un spectacle honorable un peu désuet mais qui comporte d’images parfois impressionnantes.

 

deadendrun

Dead end run :

 

Réalisateur : Sogo Ishii

 

Durée du film : 59 minutes

 

Date de sortie du film : 2003

 

Avec : Tadanobu Asano, Urara Awata, Mikako Ichikawa, Yûsuke Iseya, Jun Kunimura, Ken Mitsuishi, Masatoshi Nagase, Yôji Tanake, etc.

 

Avis de Nicofeel :

Dead end run est à la base une commande dont Sogo Ishii a fait un film en trois parties. On a donc droit à trois segments qui se répondent parfois au niveau des acteurs mais qui surtout ont comme point commun de montrer des hommes qui sont traqués, pour diverses raisons.

Le premier segment s'intitule Last song. Un homme est traqué et l'image comme la musique sont très rapides. L'homme cessant de courir et reprenant ses esprits, la caméra est plus posée. Se plantant de cible (Sogo Ishii ayant au préalable fait naître un suspense), il tue avec une barre de fer une femme innocente. La femme revient en tant que fantôme. On a droit à une scène surréaliste où elle danse avec le garçon et où elle chante. Ce segment évoque sans ambages la solitude urbaine. Toujours est-il que notre protagoniste se fait tuer par un personnage qui va être le héros du deuxième segment.

Intitulé Shadows, ce deuxième sketch débute avec des bruits sans images et un personnage qui est traqué. La caméra est très énervée tout comme la musique technoïde qui comporte tout de même en fond un aspect jazzy. Sogo Ishii expérimente de nouvelles choses et effectue notamment un sacré panoramique. La suite de ce segment, qui se déroule dans les mêmes lieux (un bâtiment industriel et urbain, bien dans l'univers cyperpunk), montre là aussi un personnage qui tente de se cacher. Ce segment évoque sans conteste la paranoïa avec cet homme qui va se battre contre son double. Il n'y a d'ailleurs comme par hasard aucune parole dans ce segment. Se retrouvant confronté à son double, le personnage se livre à un duel qui va être expérimenté sous de multiples angles par Sogo Ishii. De cette façon, Sogo Ishii exprime parfaitement l'univers mental troublé de son personnage.

Intitulé Fly, le troisième segment montre des  policiers qui poursuivent un homme joué par l'acteur omniprésent dans le cinéma asiatique, Tadanobu Asano. Sur le haute d'un immeuble, il prend une fille comme otage qui reste imperturbable. Et pour cause, cette jeune fille souhaitait se suicider mais n'osait pas jusque-là passer à l'acte. Décidément cette question est souvent évoquée dans les films japonais, prouvant qu'il doit s'agir d'un fait de société. Pour autant, ce segment comporte un véritable aspect comique qui permet de détendre l'atmosphère eu égard au sujet évoqué. La caméra tournoie dans tous les sens et la question est de savoir qui va réussir à s'en sortir. La fin est de ce point de vue très optimiste, ce qui peut paraître étonnant au regard des deux autres segments et connaissant Sogo Ishii.

Au final, malgré sa courte durée (59 minutes), Dead end run est très riche sur le plan thématique et a le temps de bien user le spectateur par une mise en scène bien rythmée. Voilà sans conteste une des œuvres les plus intéressantes de Sogo Ishii.

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Avis de Locktal :

Réalisé par Sogo Ishii en 2003, Dead end run est un film en trois parties qui suivent le même point de départ : un homme est poursuivi, mais qui sont traités selon des modes différents.

Le premier segment, Last song, marque la rencontre dramatique entre le pourchassé et une jeune femme qu’il tue par accident en pensant qu’il s’agissait de son poursuivant.

Cette jeune femme revient miraculeusement à la vie ou en tant que fantôme (clin d’œil savoureux aux Ring-like, bruitages à l’appui) et entame une danse de vie devant l’homme pourchassé, chantant en même temps. Les couleurs se font chatoyantes, comme dans une comédie musicale, tandis que les mouvements de la danseuse sont comme saccadés, comme si c’étaient les mouvement d’un fantôme.

La jeune femme révèle progressivement un mal de vivre certain et une solitude qui ont fait naître chez elle des tendances suicidaires que l’homme a exaucées en la tuant. En tant que fantôme, elle semble ravie que celui-ci ait mis fin à ses tourments. Sogo Ishii révèle une grâce inattendue dans ce premier segment, même si cette grâce est parasitée par la mort, et un humanisme sensible. Le pourchassé, séduit par ce beau fantôme, est finalement abattu, et les deux corps morts sont disposés l’un face à l’autre, comme s’ils étaient liés à jamais.

Le deuxième segment, Shadows, met en scène le poursuivant du segment précédent (qui a finalement tué le pourchassé) qui devient alors le pourchassé. La mise en scène de Sogo Ishii est totalement différente et s’inspire des codes du manga, privilégiant les poses, en référence aux duels leoniens ou aux duels des chambaras. La chute révélera que le protagoniste n’a en fait pas de poursuivant et qu’il s’est tué lui-même. Le segment se clôt sur la même position des deux corps sans vie (celui du pourchassé et le corps imaginaire)  que dans le premier segment, l’un en face de l’autre, excepté le fait que le corps imaginaire disparaît car n’existant pas. On peut donc considérer que le pourchassé s’est suicidé, faisant écho à la jeune femme suicidaire du premier segment.

Le troisième segment, Fly, suit un autre pourchassé (interprété par le grand Tadanobu Asano) qui s’échappe et arrive en haut d’un immeuble où une jeune fille est assise. Lorsque la police le rattrape, il prend en otage la fille.

Mais une nouvelle fois, il apparaît que la jeune fille souhaite mourir pour les mêmes raisons que la jeune femme du premier segment (solitude, mal de vivre, incompréhension), changeant ainsi la situation : la jeune fille demande en effet au protagoniste de la tuer.

Après une séquence d’action totalement chaotique, les deux jeunes gens tombent de l’immeuble : la chute semble ne jamais vouloir finir et nos deux héros en profitent pour échanger et se rapprocher.

A la différence des deux segments précédents, Sogo Ishii décide cette fois-ci de sauver ces deux âmes perdue in extremis : ceux-ci tombent en fait dans un camion qui les emmène vers un nouveau départ.

Au final, Dead end run est un des films les plus accomplis de Sogo Ishii, où celui-ci reste fidèle à sa thématique (aliénation, suicide, mort, liberté) tout en étant plus humaniste. Si c’est bien le suicide qui lie les 3 segments, le cinéaste japonais donne une conclusion optimiste à son film, donnant pour la première fois une sorte d’espoir à une jeunesse égarée et mal dans sa peau.

 

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Wig :

 

Réalisateur :  Renpei Tsukamoto

 

Durée du film : 94 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2009)

 

Avec : Mimura Masakazu, Otake Kazuki, Ashina Sei, etc.

 

Avis de Nicofeel :

Film japonais réalisé en 2010 par Renpei Tsukamoto, Wig est une comédie complètement déjantée, bien dans l'esprit des films dont  les réalisateurs asiatiques sont capables de nous livrer.

Car il faut bien reconnaître que Wig bénéficie d'un pitch particulièrement saugrenu : un homme n'arrive pas à avoir continuellement une copine à cause de sa (légère) calvitie et décide de porter une perruque qui lui permettra d'être « normal ».

Sur ce synopsis, le cinéaste Renpei Tsukamoto donne au spectateur une comédie très drôle qui respecte en outre les codes de la comédie romantique.

Le film est aussi une petite réflexion sur notre société où l'apparence est primordiale. En plus, on doit forcément être beau.

Tous les acteurs sont particulièrement jubilatoires. L'acteur principal, qui joue Moriyama, un architecte de 35 ans, est vraiment très drôle et l'actrice qui lui rend la pareille, en jouant Ryoko, est jolie et pleine de vie. Et que dire de l'acteur jouant le rôle d'Owada, le perruquier très drôle qui est toujours là quand Moriyama en a besoin.

Sur un pitch qui aurait pu s’essouffler sur les 94 minutes du film, le film réussit au contraire la performance de faire rire le spectateur de bout en bout.

Les blagues et les scènes drôles sont légion. Pêle-mêle on peut citer : le fait que Moriyama envie le gros chien blanc de ses parents en raison de l'abondance de ses poils ; l'épisode des montagnes russes qui va donner lieu à la scène la plus drôle du film où Moriyama perd sa  perruque car la vitesse du manège a dépassé les 150 km/heure. mais Owada en avait prévu une de rechange ; Owada qui amène Moriyama à une amicale de la perruque ; la fausse piste du protagoniste gay.

En plus de faire rire le spectateur par tout ce qui tourne autour de cette perruque, le film est également très marrant par son approche romantique, avec la relation entre Moriyama et Ryoko. Il y a bien évidemment le coup de foudre immédiat de Moriyama pour Ryoko mais il s'inquiète en raison de sa calvitie et il mettra longtemps avant de déclarer sa femme. Cela donnera lieu là encore à des scènes pour le moins amusantes entre son incapacité à avouer son amour pour Ryoko et la visite dans la famille de Moriyama.

Les hobbies de Ryoko sont également bien amusants, entre le fait que son film préféré est Le loup solitaire et son petit (un épisode de Baby cart, une série de films très violente) et qu'elle adore le karaoké.

Amusant de bout en bout, Wig permet de passer un très bon moment. Le fait que ce film ait obtenu le prix du meilleur film asiatique au festival de Neuchâtel est tout à fait justifié.

 

Avis de Locktal :

Réalisé par Renpei Tsukamoto, Wig est une comédie romantique décalée partant d’un pitch amusant : l’obsession de la calvitie et l’utilisation des perruques.

Le cinéaste enchaîne sur un rythme effréné les situations cocasses, conduisant notre héros porteur de perruque à des comportements de plus en plus incompréhensibles, décuplés encore lorsque celui-ci rencontre une jeune femme dont il tombe amoureux mais à qui il ne veut pas révéler ce qu’il considère comme une honte.

Le suspense comique est savamment mené, culminant dans une scène de grand-huit hilarante où notre héros lutte constamment pour garder sa perruque sur la tête (les 150 km/h).

Les apparitions / disparitions du perruquier Owada donnent également naissance à des séquences drôlatiques, celui-ci, omniprésent, étant toujours là, suivant notre héros comme son ombre.

Ryoko, l’élue du cœur de notre héros, est une superbe jeune femme qui travaille comme assistante due notre héros architecte, aime les sensations fortes, les films de la célèbre série Baby Cart et le karaoké, ce qui met le protagoniste dans des situations parfois difficiles.

Renpei Tsukamoto ne sacrifie pas les seconds rôles et offre notamment des portraits hilarants des membres de la famille du héros, famille ayant évidemment des problèmes capillaires. De nouveau, le réalisateur fait preuve d’imagination dans la scène très drôle de la présentation de Ryoko à la famille, les membres de cette famille étant obligés par notre héros de porter tous des perruques.

Par ailleurs, le héros n’a pas spécialement besoin de perruque !

Renpei Tsukamoto multiplie les situations décalées (le club des porteurs de perruque) et ne freine jamais le rythme de cette savoureuse comédie, qui épingle en filigrane le règne de l’apparence à tout prix qui finit par influer dangereusement sur nos comportements.

 

bedevilled2

Bedevilled :

 

Réalisateur :   Jang Cheol-So

 

Durée du film : 115 minutes

 

Date de sortie du film : prochainement (film de 2010)

 

Avis de Nicofeel :

Avec : Min-Ho Hwang, Min Je, Seo Yeong-Hee, Ji Sung-Won, etc.

Film sud-coréen réalisé par Jang Cheol-So qui a également signé la photographie du film, Bedevilled est un film en 2 parties dont le changement brutal de rythme peut rappeler les films du type rape and revenge.

Ici, on commence par un viol et une femme qui a été témoin, Hae-Won, qui sera notre « héroïne », qui refuse de signaler qui sont les coupables, de peur des représailles éventuelles. Complètement à bout de nerf, notre héroïne décide de se rendre sur une île où réside son ancienne amie, Boj-Nam, dont elle a reçu de nombreux courriers, jamais ouverts.

Sur l'île, l'amie d'enfance est humiliée par son compagnon devant sa fille et elle est battue. Quand il lui fait l'amour, il la traite comme un pur objet sexuel. Pire, souvent, il se paye une pute et ce en toute transparence, tout le monde étant au courant. Cette mère de famille n'est nullement respectée. Et personne n'est prêt à l'aider ni à la croire.

Le cinéaste nous dépeint un univers où la femme est clairement considérée comme un être inférieur. Boj-Nam est traitée comme une moins que rien et les vieilles femmes qui résident sur l'île se montrent détestables avec elle. On est dans le domaine du drame avec une description particulièrement accablante des moeurs qu'il y a sur cette île, où la vie est très différente de la ville (Séoul). Entre mensonges, fausses déclarations et brimades, la pauvre Boj-Nam ne sait à quel saint se voeur.

Le changement intervient lors du décès de sa fille. Boj-Nam est bien décidée à prendre en main son destin et à se venger. Le titre du film, Bedevilled, qui signifie « Je vous l'ai déjà dit », prend alors tout son sens. On passe du drame pur au slasher. Boj-Nam se lance dans une série continue de meurtres. Après avoir massacré sauvagement les vieilles femmes, elle s'en prend ensuite aux hommes qu'elle tue également de façon bien extrême. Elle arrache la tête du premier homme qu'elle tue. Il y a ensuite une scène très sexuelle (qui est à mettre en parallèle avec le moment où la prostituée suçait le sexe de son compagnon) où Boj-Nam lèche la faucille de son compagnon. Elle le tue brutalement en ayant mis un couteau dans sa bouche. La scène est bien gore et joue sur la répétition des coups portés.   

Le film se termine par un véritable bain de sang à Séoul. On pourra considérer que le cinéaste fait un peu trop dans la surenchère.

Au final, Bedevilled décrit deux personnages bien distincts : Hae-Won, une des héroïnes les  plus antipathiques que l'on ait eu l'occasion de voir au cinéma par son refus de prendre position (alors qu'elle a assisté à un viol puis à un meurtre) ; Boj-Nam qui  malgré son accès de folie, paraît quelqu'un de plus sympathique, par son statut de victime qui décide de prendre en main sa vie.

 

Avis de Locktal :

Réalisé, écrit et photographié par le jeune cinéaste sud-coréen Jang Cheol-so, Bedevilled traite de l'oppression des femmes.

Le film est basé sur l'opposition entre deux jeunes femmes anciennes amies d'enfance, l'une prénommée Hae-won, froide et indifférente, habitant à Séoul et l'autre prénommée Boj-nam, qui n'a jamais quitté son île aux moeurs archaïques et qui est devenue l'esclave des villageois.

La jeune séoulienne, Hae-won, n'est aucunement sympathique et fait preuve d'une incroyable lâcheté, ne pensant qu'à elle et ne venant au secours de personne.

Comme souvent dans le cinéma sud-coréen, Bedevilled mélange avec bonheur différents genres.

La première partie a un côté presque documentaire et décrit la vie difficile de Boj-nam, mère d'une petite fille qui est son seul rayon de soleil et qui ne cesse de subir les humiliations de son mari et des voisins.

L'arrivée sur l'île de Hae-won, suite à son licenciement, va donner un semblant d'espoir à Boj-nam, qui voit Séoul comme sa seule échappatoire.

Drame tendu et oppressant, Bedevilled éprouve sans cesse le spectateur, notamment par le traitement abominable infligé à la pauvre Boj-nam, faisant penser parfois au cinéma de Lars Von Trier, d'autant que Hae-won, indifférente à la souffrance de sa soi-disant amie, passe son temps à comater, sans jamais lui apporter la moindre aide.

Le mari de Boj-nam a un comportement violent et dominateur, il ne cesse de la persécuter, que cela soit pour des tâches ménagères, pour ses besoins sexuels ou encore pour le simple plaisir de la voir ramper à ses pieds. La communauté profite également de Boj-nam qui est devenue la bonne à tout faire du village...

La seconde partie du film débute lorsque la petite fille de Boj-nam est accidentellement tuée par son père, tandis que celui-ci accuse la mère (Boj-nam donc) d'avoir tué sa propre fille, encore une fois sous les yeux indifférents de Hae-won qui ne s'implique toujours pas, alors même que Boj-nam lui avait révélé la violence de son époux et les attouchements sexuels qu'il effectuait sur sa fille (même si celle-ci n'était pas vraiment la fille biologique du mari de Boj-nam).

Suite à ce climax éprouvant, Bedevilled se transforme en un redoutable slasher, dans lequel Boj-nam laisse éclater toute sa rage et sa frustration pour se libérer de ses oppresseurs et de toutes les humiliations subies.

Grand-guignolesque et terriblement efficace, le film montre une Boj-nam en train de devenir une machine vengeresse dont la douleur décuple la force. Hae-won, tétanisée, réussit à s'enfuir de l'île et regagne Séoul.

Arrivée à Séoul (la ville de ses rêves) elle aussi, outrageusement maquillée (Boj-nam, qui n'a connu que son île, pense que les filles de la ville se maquillent de cette façon), un peu comme une prostituée, Boj-nam revient mettre Hae-won face à ses responsabilités dans un très beau finale qui liera à jamais ces deux jeunes femmes.

Jang Cheol-so réussit un film prenant et d'une grande efficacité, qui mélange les genres avec une belle adresse, même si le spectateur peut le trouver un peu too much.

Bedevilled dresse surtout deux portraits très convaincants de jeunes femmes que tout oppose, d'ailleurs toutes deux très bien interprétées.

 

tetsuo3

Testuo 3 the bullet man :

 

Réalisateur :   Shinya Tsukamoto

 

Durée du film : 71 minutes

 

Date de sortie du film : inconnue (film de 2010)

 

Avec : Eric Bossick (Anthony), Akiko Monô (Yuriko), Shinya Tsukamoto, etc.   

 

Avis de Nicofeel :

Après son diptyque Tetsuo et Tetsuo 2, Shinya Tsukamoto clôt l'histoire de son célèbre homme transformé. Si le film est bien japonais, il a été tourné en anglais en raison de la provenance de certains capitaux pour le film. Tetsuo 3 bénéficie d'une photo en couleur sépia qui accroît le côté grisâtre de la ville où se situe l'action.

On retrouve Anthony, un pur « salary man » (au milieu d'autres salary man) qui va se transformer progressivement en homme-machine et ce en raison de la colère qui est en lui suite au décès de son fils Tom, écrasé par un homme en voiture. Tetsuo 3 s'appelle Anthony, un prénom bien occidental puisque le rôle est interprété par un acteur occidental.

Dès le générique, l'ambiance du film est posée avec une caméra qui tremble dans tous les sens et une musique puissante, métallique et stridente particulièrement agressive aux oreilles du spectateur. On notera que le thème musical principal de Tetsuo 3 est signé Nine Inch Nails.   

La femme d'Anthony, Yuriko, souhaite coûte que coûte que vengeance soit faite. Du coup, Anthony va libérer sa colère et extérioriser ses pulsions. Il va devenir cet homme machine jusqu'à devenir plus un cyborg qu'un homme. Par rapport aux autres Tetsuo, on a droit à beaucoup plus d'explications. Déjà il y a les rapports entre Anthony et son épouse qui donnent lieu à plusieurs discussions. Il y a aussi le projet Tetsuo qui est étayé avec un Anthony qui se demande qui il est. Et puis il y a les dialogues de Tsukamoto lui-même qui joue le rôle du méchant qui a tué Tom et qui incite Tetsuo à se venger.

Pour autant, le personnage joué par Tsukamoto existe-t-il vraiment ? Anthony ne serait-il pas le seul responsable dans cette affaire et ne serait-ce pas une façon pour lui d'éviter la réalité ? On peut légitimement se poser ces questions.

Dans tous les cas, à l'instar des deux autres opus, Tetsuo 3 reste une véritable expérience sensitive. A de nombreux moments, on ne distingue pas grand chose. C'est complètement anarchiste et cela donne l'occasion à Tsukamoto de parler de sujets ô combien sérieux : d'abord il s'en prend à la police qui ne se révèle pas d'une grande finesse ; ensuite il évoque la délicate question du suicide avec un Anthony devenu Tetsuo qui ne peut même pas mettre fin à ses jours. En effet, il est devenu une créature métallique particulièrement résistante.

Même si les thématiques abordées dans le peu de temps que dure le film sont intéressantes, on regrettera tout de même que plusieurs éléments qui ont fait la force des deux autres opus, et principalement du premier Tetsuo, aient disparu : le mélange entre sexe et mort n'est plus vraiment d'actualité ; il y a également moins d'action pure qu'auparavant.

En outre, la fin du film peut laisser quelque peu dubitatif. Comment Tetsuo peut du jour au lendemain redevenir un être humain ? Cela paraît étonnant. Et puis il y a le fait qu'Anthony réussit à fonder une nouvelle famille avec sa femme, en lui faisant un enfant. Tetsuo a certes ravalé sa haine mais cette fin paraît bien apaisée et étrange pour un être qui n'avait plus rien d'humain.

Au regard des éléments évoqués ci-dessus, Tetsuo 3 demeure une petite déception.

 

Avis de Locktal :

Toujours réalisé par le grand Shinya Tsukamoto, il s'agit du troisième volet de sa saga culte, après Tetsuo – The iron man (1989) et Tetsuo II – The body hammer (1992), tourné cette fois-ci en langue anglaise.

Dans ce nouveau volet, c'est Anthony, salary men ordinaire, qui est victime de la mutation en homme-canon, après la mort de son fils.

Quant au réalisateur Tsukamoto, il interprète lui-même le « méchant », qui n'existe d'ailleurs peut-être que dans l'esprit d'Anthony.

Anthony se révèle être le fils d'un professeur et d'un androïde fait à l'image de sa femme défunte.

Comme dans les deux autres films de la saga Tetsuo, c'est la haine qui transforme Anthony en homme-canon. Plus sa haine grandit, plus Anthony devient un corps qui fusionne la chair et l'acier.

Pourtant, notre héros, fou de douleur, ne souhaite pas céder au départ au sentiment de vengeance. C'est en fait sa femme Yukiko qui le pousse, entraînant irrémédiablement l'accélération de sa transformation, rendant Anthony de plus en plus incontrôlable.

Tetsuo III reprend donc les éléments de la saga, tout en y ajoutant une enquête plus classique : la recherche de ses origines par Anthony, qui découvrira le fameux dossier Tetsuo.

Traqué par la police et le personnage joué par Tsukamoto (qui n'existe peut-être pas), Anthony perd tout contrôle et devient de plus en plus un élément d'acier, sa haine étant constamment accentuée.

Tsukamoto utilise encore une fois une majorité de couleurs grisâtres, froides : le film semble tourné dans un sépia accentuant le sentiment de déshumanisation.

La succession ininterrompue des tours de béton et d'acier fait partie intégrante de la société et est aussi responsable de la transformation d'Anthony, qui est en effet devenu lui-même une tour d'acier. Il est vraiment issu de cet univers.

Le duel final entre Anthony devenu The bullet man et Tsukamoto retrouve le côté cyberpunk tant chéri par le cinéaste, et débouche pour la première fois sur un sentiment d'apaisement, où Anthony finit par renoncer à sa vengeance, assumant ainsi sa responsabilité dans la mort de son fils. Il peut alors littéralement englober l'objet de sa haine, à savoir le personnage de Tsukamoto, et renaître en tant qu'homme. Sa haine s'est en effet nourrie et rassasiée, il peut alors s'en défaire.

Dans l'ultime séquence du film, Anthony revient dans l'univers des salary men dont il fait partie et reste indifférent aux provocations de haine, laissant entendre qu'il y a renoncé. Cependant, il demeure une ambiguïté certaine quant à son devenir : jusqu'à quand pourra-t-il retenir sa haine et donc sa transformation ?

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