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Déjantés du ciné
7 juin 2015

L'homme qui voulait savoir de George Sluizer

l'hommequivoulait1Titre du film : L'homme qui voulait savoir

Réalisateur : George Sluizer

Année : 1989

Origine : Pays-Bas

Durée : 1h47

Avec : Gene Bervoets (Rex Hofman), Bernard-Pierre Donnadieu (Raymond Lemorne), Johanna ter Steege (Saskia Wagter), etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Sur la route des vacances, Rex et Saskia s'arrêtent sur une aire d'autoroute. L'homme s'éloigne du véhicule pendant quelques minutes. A son retour, sa compagne a disparu. Fou de douleur, il renonce à sa vie professionnelle et sociale pour se consacrer exclusivement à la recherche de la disparue. Après trois années d'une quête infructueuse, il reçoit une étrange carte postale, dont l'auteur prétend connaître la vérité sur la disparition...

 

George Sluizer a débuté sa carrière dans le documentaire avec des épisodes du National geographic. Il a également été assistant sur Fitzcarraldo de Werner Herzog, ce qui lui sans doute appris le métier. Mais son principal fait d'armes est sans conteste L'homme qui voulait savoir, film dont il a lui-même réalisé le remake pour Hollywood, La disparue.

Adapté d'un roman de Tim Krabbé (le frère de Jeroen Krabbé, célèbre acteur hollandais) qui est d'ailleurs co-scénariste sur le film, L'homme qui voulait savoir est un thriller psychologique particulièrement pervers et retors.

On suit un jeune couple de Hollandais venu passer des vacances en France, dont la femme va mystérieusement disparaître sans laisser de traces (le titre original du film Spoorloos signifiant “sans laisser de traces”).

l'hommequivoulait3Le film confronte deux points de vue mais aussi deux obsessions : celui du jeune homme dont la compagne a disparue, qu'il recherche activement malgré les années qui passent ; celui du supposé kidnappeur, marié et père de deux adolescentes, que l'on suit dans sa vie quotidienne et qui n'a de cesse d'envoyer des cartes postales au jeune homme, façon très perverse de le faire souffrir. Il est clair que le scénario est sous influence de Tim Krabbé qui a toujours voué un amour pour les échecs : le développement du film est un modèle “live” de la stratégie de ce jeu.

Il y a un véritable jeu du chat et de la souris qui se met en place entre ces deux protagonistes que tout oppose. Le kidnappeur est décrit par Sluizer de façon quasi entomologiste. On nous montre plusieurs événements majeurs de sa vie qui expliquent pour partie son comportement. Il se décrit lui-même comme un sociopathe qui aime jouer avec la vie. Une fois, il a sauvé un enfant de la noyade et a eu cette expression particulièrement significative à l'une de ses filles : “Méfie-toi d'un héros. Un héros ce n'est rien d'autre que quelqu'un capable d'un excès.”

Si le film est à ce point réussi, il le doit également à son montage remarquable, notamment dans sa séquence noeudale où chaque élément finit par trouver sa place.

Ce long métrage est aussi un véritable film d'horreur dans le sens où le fait pour le protagoniste de ne pas savoir ce qui est arrivé à son amie le pousse aux confins de la folie et l'amène sur une voie extrêmement dangereuse.

l'hommequivoulait2C'est l'acteur français Bernard-Pierre Donnadieu (Le professionnel, Rue barbare, Urgence) qui interprète le sociopathe et trouve sûrement ici le meilleur rôle de sa carrière. Il est impressionnant par toutes les ruses, les calculs, les tests qu'il effectue pour arriver à ses fins. On est d'autant plus terrifié que l'homme qu'il interprète est une sorte de monsieur tout le monde qui a décidé du jour au lendemain d'effectuer un méfait horrible. Les autres acteurs ne déméritent pas mais leurs rôles respectifs sont moins marquants.

L'homme qui voulait savoir est un remarquable thriller qui demeure assez unique dans sa description quotidienne d'un sociopathe ordinaire. Et le film est également étonnant par son absence totale de scènes d'action. Mais finalement les choses les plus horribles ne sont-elles pas celles qui restent cachées...

Cet excellent film est passé récemment dans une rétrospective du festival Hallucinations collectives à Lyon. Si vous avez l'occasion de le voir sur grand écran, n'hésitez pas. Vous vivrez clairement un grand moment de cinéma.

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