Titre de la mini-série : Miniaturiste
Réalisateur : Guillem Morales
Année : 2018
Origine : Royaume-Uni
Durée : 2h36
Avec : Anya Taylor-Joy, Romola Garai, Alex Hassell, etc.
FICHE IMDB
Synopsis : Amsterdam, 1686. Nella Oortman épouse un riche marchand dans l’espoir de trouver amour et prospérité. A seulement 18 ans, la jeune femme découvre un monde peuplé de sombres secrets et de mystères qui lui font craindre pour sa vie.
Miniaturiste est incontestablement une œuvre atypique. Jessie Burton s’est inspirée d’un personnage ayant réellement existé, celui de Petronella Oortman (1656-1716). Cette Néerlandaise a vécu à Amsterdam durant l’âge d’or de la capitale des Pays-Bas, la ville étant alors au cœur d’un réseau mondial de commerce maritime.
La série retranscrit d’ailleurs fidèlement l’histoire du roman. Elle est ici présentée en trois épisodes de 52 minutes (dont le découpage peut paraître quelque peu factice).
D’autant qu’il s’agit d’une production de la BBC ayant manifestement bénéficié d’un budget très confortable. Et le téléspectateur le ressent clairement à l’écran. Le soin particulier apporté aux décors intérieurs et extérieurs, aux vêtements portés par les acteurs de la série et de manière plus générale le background très détaillé, donnent vraiment l’impression de se situer dans l’Amsterdam de 1686. Certains décors rappellent les tableaux des grands maîtres néerlandais de cette époque (Vermeer, Rembrandt, Jan Steen). La photographie est elle-même sublime et participe à l’ambiance étrange de cette série cossue.
Miniaturiste est avant tout une histoire étonnante, où le spectateur est sans cesse transporté entre rêve et réalité, dans une sorte de conte pour adultes. Nella, venue de sa campagne et contrainte d’épouser Johannes Brandt, un riche marchand d’Amsterdam, afin d’éponger les dettes de sa famille bourgeoise désargentée, démarre le récit.
La suite est tout sauf ce à quoi cette jouvencelle pouvait s’attendre : un accueil très froid par sa belle-sœur, la pieuse Marin, des domestiques se comportant de façon bien familière à son égard et un mari bien peu intéressé par sa jeune épouse. Le réalisateur Guillem Morales parvient très justement à retranscrire le sentiment de malaise ressenti par notre héroïne.
Peut-être que cette maison de poupées et les actions qu’elle engendre ne sont que le fruit de l’imagination de Petronella. Après tout, le sous-texte social de cette série est riche et vivace. On voit bien que dans cette Amsterdam du XVIIème siècle, l’Église est toute puissante, fait preuve d’un autoritarisme sans bornes, notamment contre ceux ne faisant pas preuve de la morale attendue. Dans le même temps, la série critique sans ambages cette société corsetée où la liberté de choisir sa vie n’est pas de mise. On est vraiment dans une société du paraître où il faut donner le change par rapport à ce que l’on est censé être et non ce que l’on est.
Cette maison de poupées est fondamentale tant par son côté fantastique, merveilleux, que par son aspect métaphorique où elle semble montrer que les gens ne sont pas libres de leur mouvements mais dépendants d’une force supérieure.
Le réalisateur Guillem Morales brouille astucieusement les pistes de telle sorte que jusqu’à la fin, le doute quant à la véracité des faits est permis. Et bien qu’il s’agisse d’une série et non d’un film, la mise en scène est appréciable : la plupart des scènes se déroulent dans un quasi huis-clos, sans ligne de fuite. C’est comme si les personnages étaient eux-mêmes emprisonnés par leur propre destin.
Histoire de donner l’eau à la bouche aux futurs téléspectateurs, laissons la parole à Johannes Brandt, le mari de Nella : "c’est dur de dire la vérité quand toute votre vie est bâtie sur le mensonge et le secret".