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Déjantés du ciné
5 mars 2019

Miniaturiste de Guillem Morales

miniaturistelaurencecendrowicz2Titre de la mini-série : Miniaturiste

Réalisateur : Guillem Morales

Année : 2018

Origine : Royaume-Uni

Durée : 2h36

Avec : Anya Taylor-Joy, Romola Garai, Alex Hassell, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Amsterdam, 1686. Nella Oortman épouse un riche marchand dans l’espoir de trouver amour et prospérité. A seulement 18 ans, la jeune femme découvre un monde peuplé de sombres secrets et de mystères qui lui font craindre pour sa vie.

Une fois n'est pas coutume, nous mettons l'accent sur une mini-série qui vaut le déplacement : Miniaturiste


Miniaturiste est une mini-série en trois épisodes adaptant le best-seller éponyme de la Britannique Jessie Burton. Pour son premier roman, paru en 2014, cette dernière a rencontré un succès immédiat qui ne s’est pas démenti depuis.

Miniaturiste est incontestablement une œuvre atypique. Jessie Burton s’est inspirée d’un personnage ayant réellement existé, celui de Petronella Oortman (1656-1716). Cette Néerlandaise a vécu à Amsterdam durant l’âge d’or de la capitale des Pays-Bas, la ville étant alors au cœur d’un réseau mondial de commerce maritime.
Petronella Oortman, dite Nella avait épousé un riche marchand néerlandais. Elle est restée à la postérité pour sa célèbre maison de poupées, laquelle fait partie de la collection permanente du Rijksmuseum à Amstermdan. C’est là que l’Histoire, la vraie, s’arrête et que débute l’intrigue de Miniaturiste.
La série retranscrit d’ailleurs fidèlement l’histoire du roman. Elle est ici présentée en trois épisodes de 52 minutes (dont le découpage peut paraître quelque peu factice).

D’autant qu’il s’agit d’une production de la BBC ayant manifestement bénéficié d’un budget très confortable. Et le téléspectateur le ressent clairement à l’écran. Le soin particulier apporté aux décors intérieurs et extérieurs, aux vêtements portés par les acteurs de la série et de manière plus générale le background très détaillé, donnent vraiment l’impression de se situer dans l’Amsterdam de 1686. Certains décors rappellent les tableaux des grands maîtres néerlandais de cette époque (Vermeer, Rembrandt, Jan Steen). La photographie est elle-même sublime et participe à l’ambiance étrange de cette série cossue.

miniaturistelaurencecendrowicz5Miniaturiste est avant tout une histoire étonnante, où le spectateur est sans cesse transporté entre rêve et réalité, dans une sorte de conte pour adultes. Nella, venue de sa campagne et contrainte d’épouser Johannes Brandt, un riche marchand d’Amsterdam, afin d’éponger les dettes de sa famille bourgeoise désargentée, démarre le récit.

La suite est tout sauf ce à quoi cette jouvencelle pouvait s’attendre : un accueil très froid par sa belle-sœur, la pieuse Marin, des domestiques se comportant de façon bien familière à son égard et un mari bien peu intéressé par sa jeune épouse. Le réalisateur Guillem Morales parvient très justement à retranscrire le sentiment de malaise ressenti par notre héroïne.

On lui cache des choses et cela titille forcément notre curiosité. Mais le meilleur est encore à venir pour le spectateur lorsque Johannes lui offre une maison de poupées reproduisant la demeure familiale à l’identique. Des événements - généralement dramatiques - vont se produire au fur et à mesure que Nella reçoit des reproductions miniaturisées d’objets -représentant des choses, des personnes existant réellement-, d’un inconnu. On se demande bien si cette maison de poupées n’est pas ensorcelée. Et puis comment ce miniaturiste, qui lui fait ces curieux présents, peut avoir connaissance de la vie de Petronella, qui passe le plus clair de son temps enfermée dans cette demeure bourgeoise. Et surtout pourquoi lui fait-il ces présents ?

Peut-être que cette maison de poupées et les actions qu’elle engendre ne sont que le fruit de l’imagination de Petronella. Après tout, le sous-texte social de cette série est riche et vivace. On voit bien que dans cette Amsterdam du XVIIème siècle, l’Église est toute puissante, fait preuve d’un autoritarisme sans bornes, notamment contre ceux ne faisant pas preuve de la morale attendue. Dans le même temps, la série critique sans ambages cette société corsetée où la liberté de choisir sa vie n’est pas de mise. On est vraiment dans une société du paraître où il faut donner le change par rapport à ce que l’on est censé être et non ce que l’on est.
Cette maison de poupées est fondamentale tant par son côté fantastique, merveilleux, que par son aspect métaphorique où elle semble montrer que les gens ne sont pas libres de leur mouvements mais dépendants d’une force supérieure.

miniaturistelaurencecendrowicz0Le réalisateur Guillem Morales brouille astucieusement les pistes de telle sorte que jusqu’à la fin, le doute quant à la véracité des faits est permis. Et bien qu’il s’agisse d’une série et non d’un film, la mise en scène est appréciable : la plupart des scènes se déroulent dans un quasi huis-clos, sans ligne de fuite. C’est comme si les personnages étaient eux-mêmes emprisonnés par leur propre destin.

En plus de toutes les qualités évoquées plus haut, cette série peut se targuer d’une distribution de premier plan, notamment pour les rôles féminins. La charmante Anya Taylor-Joy tient le rôle principal de Nella. Elle est parfaite en jeune fille, pure, prude. A ses côtés, on retrouve l’aguerrie Romola Garai, enlaidie au possible pour jouer le rôle de la belle-sœur, l’austère et froide Marin.
Miniaturiste constitue au final une série étrange, magique, inquiétante, valant vraiment le détour. D’autant qu’elle comporte plusieurs degrés de lecture. Elle devrait donner envie à ceux n’ayant pas lu le livre de courir se le procurer.

Histoire de donner l’eau à la bouche aux futurs téléspectateurs, laissons la parole à Johannes Brandt, le mari de Nella : "c’est dur de dire la vérité quand toute votre vie est bâtie sur le mensonge et le secret".

Critique parue à l'origine sur le site avoir-alire.com à l'adresse suivante :
https://www.avoir-alire.com/miniaturiste-la-critique-de-la-serie-le-test-dvd
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