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Déjantés du ciné
25 avril 2019

The endless de Justin Benson et Aaron Moorhead

theendlessafficheoriginaleTitre du film : The endless

Réalisateurs : Justin Benson et Aaron Moorhead

Année : 2018

Origine : Etats-Unis

Durée : 1h51

Avec : Justin Benson, Aaron Moorhead, Callie Hernandez, Tate Ellington, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Deux frères retournent dans la secte qu’ils ont quittée dix ans auparavant après avoir reçu une mystérieuse lettre rédigée par l’un des membres de leur ancienne « famille ». Très vite, des événements inexpliqués vont remettre en cause leurs croyances…

 

The endless est le troisième long métrage des Américains Justin Benson et d’Aaron Moorhead. Les deux compères sont également les acteurs principaux de leur film où ils interprètent (avec leurs prénoms) les frères Justin et Aaron Smith.

Ce film est clairement placé sous le signe de l’étrange. Au début du film (pouvant rappeler Lost highway de Lynch), Aaron reçoit une mystérieuse vidéo provenant du camp Arcadia où il a séjourné naguère avec son frère. Cette vidéo l’intrigue et lui donne envie de retourner à Arcadia, d’autant que son quotidien ne le passionne guère. Mais son frère aîné Justin est beaucoup plus réservé à l’idée de retourner dans ce camp car ses membres font partie d’une secte dont l’idée est de se suicider pour atteindre « l’Ascension ».

S’il finit par céder aux souhaits de son frère, Justin n’est pas au bout de ses surprises en retrouvant le camp Arcadia. Et le spectateur non plus !

Avec une part de mystère constante, The endless joue adroitement sur plusieurs tableaux. Il y a d’abord le thriller : les membres de ce camp comptent-ils vraiment en finir ? Il y aussi le fantastique avec un questionnement autour de cette force mystérieuse rôdant constamment dans les parages. Et puis il y a la science-fiction : pourquoi les membres d’Arcadia ne semblent pas avoir vieilli depuis une décennie?

Theendless_6_cpt_La_Aventura_AudiovisualDans un environnement en apparence paradisiaque – le camp étant placé dans une zone forestière avec au milieu un lac – on sent que le danger peut venir aussi bien d’une force supérieure (l’allusion à Lovecraft au début du film n’est pas anodine) que de l’attitude des membres d’Arcadia, trop accueillants pour être honnêtes. Le film prend son temps pour installer et pour tisser les rapports entre les protagonistes, d’abord les frères puis les frères avec les autres personnages, que cela soit la femme au comportement maternel, l’apprenti magicien ou le créateur de bière, peu prolixe et mystérieux.

The endless dévoile rapidement sa grande thématique : le camp est situé dans une zone de boucles temporelles. Autrement dit le passé et le présent se mélangent pour former une boucle infinie. Les événements se répètent sans cesse, d’où le titre du film puisque The endless signifie en français L’interminable. On comprend mieux certaines choses mais cette situation place les protagonistes devant un choix cornélien : soit vivre éternellement une vie sans obligations, sans contrariétés ; soit vivre comme tout un chacun une vie faite de contraintes, d’un quotidien parfois morne ou stressant et qui s’achèvera un jour par l’inéluctable. D’une certaine façon, nos deux co-réalisateurs mettent en avant la question des règles en société finissant par nous asphyxier, par nous ôter toute forme de liberté.

Les deux réalisateurs laissent toutes les interprétations possibles au spectateur. Il est évident que l’on pourra continuer à tirer de nouvelles perspectives lors d’un nouveau visionnage de ce film. D’autant que plusieurs points restent (délibérément?) inexpliqués : de quand date le camp Arcadia ? Pourquoi les boucles temporelles sont apparues à cet endroit ? Qui est ce monstre tapi dans l’ombre qui attend son heure ?

Theendless_9_cpt_Snowfort_picturesMême s’il est doté d’un budget limité que l’on ressent notamment au niveau des effets spéciaux, The endless compense largement ce défaut mineur par des trouvailles visuelles simples ayant le mérite d’accroître le côté mystérieux de l’ensemble (l’épisode de la corde, les deux lunes apparaissant à l’écran, l’enregistrement d’une scène en direct sans aucune personne à la manœuvre, etc.).

The endless a également le grand mérite de refuser le spectaculaire au profit d’une science-fiction intelligente, réflexive ayant pour but de faire réfléchir le spectateur tout en l’amenant vers des contrées inconnues, où sommeille une force supérieure qui nous dépasse (Lovecraft).

Évidemment, notre ressenti positif ne serait pas le même sans une distribution de qualité. En plus d’assurer le poste de metteur en scène (et de scénariste pour Justin Benson), nos deux réalisateurs américains assurent de façon probante derrière la caméra. On voit qu’ils ont beaucoup travaillé leurs personnages, et la relation compliquée entre ces deux frères Smith (Monsieur tout le monde) n’en apparaît que plus probante.

Si science-fiction rime pour vous avec réflexion (et non pas action), The endless et son monde d’étrangeté devrait vous captiver.


Critique parue à l'origine sur le site avoir-alire.com à l'adresse suivante :
https://www.avoir-alire.com/the-endless-la-critique-du-film-le-test-du-blu-ray

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