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Déjantés du ciné
5 août 2019

Donnie Darko de Richard Kelly

donniedarko1Titre du film : Donnie Darko

Réalisateur : Richard Kelly

Année : 2002 (version restaurée en 2019)

Origine : Etats-Unis

Avec : Jake Gyllenhaal, Jena Malone, Drew Barrymore, Patrick Swayze, Maggie Gyllenhaal, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Middlesex, Iowa, 1988. Donnie Darko est un adolescent de seize ans pas comme les autres. Introverti et émotionnellement perturbé, il entretient une amitié avec un certain Frank, un lapin géant que lui seul peut voir et entendre.

 

Petit film culte, Donnie Darko a bénéficié en cet été 2019 d’une nouvelle sortie en salles par l’éditeur Carlotta, plus de 17 ans après sa sortie initiale (2002). L’occasion est belle de faire le point sur un film lynchien à souhait.

Quelques mots d’abord sur son réalisateur, Richard Kelly, peu prolixe avec seulement trois longs métrages à son actif à ce jour. Cinéaste doué, peut-être trop ambitieux, il a décontenancé le public et la critique avec son second long métrage, l’étonnant Southland tales regroupant deux têtes d’affiche improbables : The Rock et Sarah Michelle Gellar. Depuis ce film, Richard Kelly n’a tourné que le film fantastique The box il y a maintenant dix ans (2009).

Donnie Darko n’en reste pas moins son film le plus intéressant, un petit bijou avec plusieurs degrés de lecture.

Il convient de noter que Donnie Darko dispose actuellement de deux montages différents : la version normale sortie en salles en 2002 et un director’s cut correspondant à une version allongée de vingt minutes. Il ne m’a pas été donné de voir le director’s cut mais comme on peut s’en douter celui-ci comporte des scènes allongées et forcément plus d’explications qui lèvent en partie le mystère de cette histoire étrange. Ce n’est donc pas la version à favoriser si l’on souhaite vivre pleinement l’étrangeté de Donnie Darko.

donniedarko2Car il faut bien le reconnaître ce film est une œuvre étonnante. Dès le départ, on est surpris en trouvant sur le bord d’une route un jeune homme, le fameux Donnie Darko, allongé sur une route (on songe alors au début du film Twin Peaks) et retrouvant ensuite chez lui sa maison endommagée à cause d’un réacteur d’avion tombé du ciel ! Ca démarre fort et ce long métrage n’aura de cesse de surprendre le spectateur. Toutefois, l’aspect circulaire de cette œuvre (le début et la fin se répondent clairement) donne des clés à tout un chacun.

Donnie Darko a vraiment quelque chose de fascinant. Le spectateur est sans cesse ballotté au sein d’un univers familier mais agrémenté de choses inattendues. Le plus étonnant est la présence d’un lapin géant, prénommé Franck, annonçant à Donnie Darko la fin du monde dans 28 jours, 6 heures, 42 minutes et 12 secondes. Donnie est le seul à voir Franck. Quel est cet être mystérieux et quel but poursuit-il ? Les agissements étranges de Donnie sont-ils liés à ce lapin géant ? On a l’impression de se situer dans une sorte de rêve (ou plutôt cauchemar) éveillé avec un zeste évident de fantastique (le lapin en référence à Alice au pays des merveilles ?).

Au niveau de l’étrangeté, Richard Kelly présente de manière générale une ville américaine lambda où tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Une école où il fait bon vivre, de belles villas aux jardins bien verts, des familles bourgeoises harmonieuses, sont autant de symboles de l’Amérique triomphante. Derrière l’apparat de cette vie idéale, quand on gratte le vernis, on aperçoit des choses beaucoup moins recommandables, à l’instar de Twin Peaks.

On peut penser que Richard Kelly s’en prend ouvertement à une société américaine puritaine que l’on peut juger comme désuète et fausse. Le réalisateur de Donnie Darko s’attaque également au cas des sectes. De façon ironique, il présente une sorte de prêcheur-professeur bidon qui ne jure que par l’amour pour combattre la peur.

Au passage, on constatera que si les thématiques développées dans le film sont très sérieuses, le ton employée est souvent humoristique voire sarcastique. De la sorte, Richard Kelly marque encore plus les esprits. L’épisode relatif aux schtroumpfs est symptomatique de la méthode Kelly : c’est drôle mais c’est surtout une façon de montrer que tout le monde n’est pas blanc comme neige. Les apparences sont souvent trompeuses… Et cette idée est clairement le fil conducteur du film.

donniedarko3Outre son scénario habile et les thèmes évoqués, Donnie Darko peut se targuer d’une BO de grande qualité où l’on reconnaît notamment Notorious de Duran Duran, Head over heels de Tears for Fears et une très belle reprise sur le plan émotionnel du Mad world de Tears for Fears.

Donnie Darko fut également un excellent tremplin pour lancer la carrière de son jeune acteur principal, Jake Gyllenhaal. Ce dernier est véritablement habité par son rôle. Très à l’aise, il incarne un Donnie Darko tout à la fois maladroit, étrange et même inquiétant par moments. Dans un rôle secondaire, Maggie Gyllenhaal joue la sœur de… Donnie.

Dans Donnie Darko, on retrouve avec plaisir trois acteurs bien connus : Drew Barrymore (E.T.), par ailleurs ici productrice exécutive du film ; Patrick Swayze (Dirty dancing), excellent dans le rôle du prêcheur et Noah Wyle alors en pleine gloire dans la série Urgences.

Pour son premier long métrage, Richard Kelly a donc signé un vrai coup de maître. Gageons que la ressortie de ce film culte le remette sous le feu de l’actualité cinématographique. Un nouveau film ne serait pas pour nous déplaire.

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