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Déjantés du ciné
24 juillet 2019

Zoo d'Antonio Tublen

ZooafficheTitre du film : Zoo

Réalisateur : Antonio Tublen

Année : 2019

Origine : Suède

Durée : 1h35

Avec : Zoe Tapper (Karen), Ed Speleers (John), Antonia Campbell-Hughes (Emily), Jan Bijvoet (Leo), etc.

FICHE IMDB

Synopsis : La vie conjugale de Karen et John a volé en éclats le jour où ils ont appris qu’ils ne pouvaient pas avoir d’enfants. Ils vivent depuis comme des zombies, emprisonnés dans la routine de leur quotidien et au bord de la rupture. Lorsque le monde est frappé par une pandémie qui transforme la population en morts-vivants, le couple s'enferme à double tour dans leur appartement en attendant les secours. Alors que le monde extérieur s'effondre, la promiscuité va les rapprocher et leur amour perdu renaître…


Reconnaissons-le d’emblée :
Zoo démarre de la même façon qu’un film vu 100 fois. C’est un huis-clos se déroulant dans une ambiance de fin du monde. Pas franchement original. En revanche, cela a le mérite de limiter le budget. En effet, le seul plan spectaculaire est un effet spécial numérique d’un avion encastré dans l’immeuble où résident nos deux principaux protagonistes. Cette séquence est d’ailleurs plutôt bien amenée : comme s’il s’agissait d’un tremblement de terre, on voit arriver un gros trou dans le plafond de la salle de bains.

Et ce n’est pas le seul mérite de ce film. Loin s’en faut. Alors qu’au début du film le ton est ironique et que l’on a l’impression que l’on va avoir droit à un énième film de zombies mélangeant comique et survival en huis-clos, il ne s’agit en fait que d’un prétexte. Le véritable sujet du film est celui de l’étude d’un couple. Le réalisateur Antonio Tublen nous révèle progressivement le passé douloureux de Karen et John : la femme a perdu son enfant et cela a créé une séparation nette dans la relation avec son conjoint. Cette perte a engendré la routine, l’indifférence, le couple n’ayant plus rien à se dire. Dès les premiers plans du film, on comprend que quelque chose ne va pas.

Tout l’enjeu va être de resserrer Zoo sur les problèmes du couple et sur la reconquête de la femme par le mari (réapprends-moi à t’aimer dit-elle). Alors qu’au départ l’homme paraît fade et la femme pas sympathique pour deux sous (jalouse, faisant preuve de petitesse), le film devient véritablement émouvant.

Zoo1Le film ne se contente pas de cette étude d’un couple. Il met également en avant le comportement que l’on adopte pour survivre. A cet égard, son titre énigmatique, Zoo, prend tout son sens. Il est lié à la sensation d’être en cage (le huis-clos, la routine de la vie) et au fait que l’on peut agir tel un animal pour survivre.

L’intrusion d’un deuxième couple, des voisins, est caractéristique de cet état de fait. Comment réagirait-on dans un environnement hostile, avec des rations limitées ? Dans leur cas, Karen et John son suspicieux. Le soupçon voire la paranoïa sont à l’œuvre. Il y a un malaise constant, même si le réalisateur fait preuve d’humour noir. Une relation malsaine se met en place avec une relation dominant – dominé (l’accueil ne se fait pas gratuitement, il justifie des contre-parties).

L’intrusion de ces voisins est toutefois très intéressante dans la mesure où elle marque une évolution dans le comportement de John. Au départ très attentiste, il finit par transgresser ses principes. Tout cela lui permet de regagner le cœur de sa belle car il reprend sa vie en main. Il met fin à la routine et à la légalité « rigoriste » dans laquelle il s’était installé jusque-là.

De la même façon, l’effraction commise chez Karen et John va à nouveau resserrer les liens de ce couple, dans une situation extrême.

Mine de rien, Antonio Tublen narre une belle histoire d’amour, en évoquant au départ l’usure du couple, la routine pour arriver un couple fusionnel qui va tout faire l’un pour l’autre. On aboutit à la fin à un amour absolu, qui n’est pas sans rappeler Zombie honeymoon ou Thirst. Il convient tout de même de noter que l’on est ici bien plus proche du film d’auteur que du film de genre. Le pitch fantastique n’est qu’un prétexte à développer la renaissance d’un amour moribond chez un couple.

Zoo2En plus de son scénario astucieux et de sa mise en scène appliquée, Zoo doit sans conteste sa réussite à ses deux acteurs principaux : Zoe Tapper dans le rôle de Karen et Ed Speleers dans celui de John sont franchement très bons. Ils forment un couple crédible. On arrive à projeter des émotions sur eux. On croit à cette histoire d’amour, les regards ne trompent pas.

En somme, Zoo est un film bien plus subtil que ce que l’on pourrait imaginer au départ. C’est avant tout une superbe histoire d’amour, qui étudie avec beaucoup de pertinence la psychologie d’un couple. Ce film aurait sans conteste mérité d’être en compétition officielle au dernier festival international du film fantastique de Gérardmer, au lieu d’être relégué dans du « hors compétition ». Quoi qu’il en soit, l’essentiel est là : on a affaire à une œuvre marquante et de grande qualité.

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