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Déjantés du ciné
13 juillet 2019

Aniara de Pella Kagerman et Hugo Lilja

aniara1Titre du film : Aniara

Réalisateurs : Pella Kagerman et Hugo Lilja

Année : 2019

Origine : Suède

Durée : 1h46

Avec : Emelie Jonsson, Bianca Cruzeiro, Arvin Kananian, Jamil Drissi, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Après avoir fini d'exploiter la Terre, ce qui reste de la population humaine lance plusieurs vaisseaux dans l'espace pour transporter des colons vers leur nouvelle maison : Mars. Un de ces vaisseaux s'appelle Aniara. L'engin, qui ressemble à un immense centre commercial, offre tous les services nécessaires à satisfaire une société profondément consumériste et destructrice. Tout semble bien se passer jusqu'à ce qu'un accident le fasse dévier de sa trajectoire.

 

L’écologie est devenu un enjeu majeur – en tout cas pour de plus en plus de citoyens – de notre société, comme le prouvent les nombreuses manifestations relatives au réchauffement climatique. Si l’on ne fait rien, il est évident que notre belle Terre deviendra inhospitalière.

Si Aniara est un film de science-fiction, il amène le spectateur à s’interroger sur le fait que les hommes gaspillent les ressources de la Terre et donc obligés de quitter la planète bleue pour rejoindre Mars, un territoire pas franchement connu pour son côté accueillant. D’ailleurs, si les mentalités ne changent pas, le risque d’épuiser les ressources sur Mars est bien réel.

A bien des égards, Aniara fait penser à l’excellente série de science-fiction des années 2000 (2004-2009) Battlestar Galactica. Le titre de la série évoque le nom du vaisseau de la même façon que pour Aniara, censé ramener les voyageurs de l’espace sur Mars. Surtout, Aniara rappelle Battlestar Galactica car il recréé une micro-société avec le chef (le commandant), des pilotes, des ouvriers, des techniciens, etc. et une majorité de citoyens lambda.

aniara2Le parallèle ne s’arrête pas là. Alors que la situation devient par moments bien difficile, pour ne pas dire plus, il faut donner de l’espoir aux gens. Dans la célèbre série de science-fiction, le commandant Adama disait aux membres de son équipage qu’ils reverraient la Terre, car ils avaient besoin de se raccrocher à quelque chose. Il en va de même dans Aniara avec les déclarations du chef ou encore lors de l’épisode marquant de la sonde qui pourrait bien sauver nos protagonistes.

Pour autant, à la différence de Battlestar Galactica, Aniara est un film (non une série) qui de surcroît ne s’offre pas au spectateur. Il demande un minimum d’attention de sa part. La mise en scène est au plus près des personnages. Il y a dans Aniara un refus du spectaculaire. Les deux jeunes réalisateurs suédois Pella Kagerman et Hugo Lilja ont voulu se centrer sur l’étude de caractères. On a clairement affaire à un film de science-fiction qui peut ennuyer le spectateur si ce dernier n’est pas intéressé par cette étude sociétale quasi chirurgicale.

Cela serait bien dommage tant Aniara s’avère captivant si on se laisser porter par les messages qu’il a à passer et par son rythme. Le découpage du film en cycles est ambitieux. Il a pour but de montrer le temps qui passe lentement à l’intérieur du vaisseau. Et tout ceci confère à cette histoire un côté inéluctable : on sent que cela ne peut pas bien finir, même si on conserve un espoir jusqu’au bout…

Pour tenir sur le plan psychologique dans cet univers en vase clos, les protagonistes disposent de plusieurs solutions. La plus originale et celle fonctionnant le mieux est la mima, une sorte de logiciel artificiel absorbant les souvenirs et les souffrances des individus. C’est un genre de thérapie moderne. Comme pour la question de l’épuisement des ressources, Aniara fait immanquablement écho à notre société actuelle avec un nombre toujours plus élevé de gens victimes de stress, d’angoisse.

aniara3Les deux co-réalisateurs mettent aussi en avant une autre réalité : lorsque les gens perdent tout espoir, ils se réfugient dans la religion et dans toutes sortes d’excipients. Le cas de l’amour libre est symbolique d’une perte totale de repères. La société semble alors se désagréger.

Très riche au niveau de sa structure scénaristique, Aniara doit sa réussite à sa distribution de qualité. Les acteurs font corps avec leurs personnages. On songe notamment à l’héroïne, campée par la très convaincante Emelie Jonsson, qui évolue au gré de l’avancement de cette histoire. Il va sans dire que le côté « monsieur » ou « madame tout le monde » des acteurs donne encore plus de véracité à l’ensemble.

Pour conclure, Aniara est une œuvre ambitieuse de science-fiction. Si l’on parvient à faire avec l’absence de spectaculaire, Aniara se révèle clairement comme un film majeur sur le passage du temps et sur le fait que l’on répète (toujours) les mêmes erreurs. Le film a mérité amplement le prix du jury qu’il a obtenu en début d’année 2019 au festival international du film fantastique de Gérardmer.

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