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Déjantés du ciné
23 octobre 2019

Joker de Todd Phillips

joker1Titre du film : Joker

Réalisateur : Todd Phillips

Année : 2019

Origine : Etats-Unis

Durée : 2h02

Avec : Joaquin Phoenix, Robert De Niro, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Le film se focalise sur la figure emblématique de l'ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d'Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société.

 

Auréolé d’une réputation flatteuse, notamment depuis l’obtention du lion d’or à Venise, Joker mérite-t-il toutes ses louanges ? Signalons tout de même que le réalisateur de cette œuvre n’est autre que Todd Phillips, l’auteur de la trilogie Very bad trip, dont le premier épisode était très bien et les deux autres assurément dispensables.

Mettons fin à tout suspense : Joker est assurément une réussite. On peut même dire que ce film constitue un des longs métrages les plus marquants de cette année 2019.

Commençons par tordre le cou à une idée reçue. Joker n’est pas un film de super-héros (ou en l’espèce de super-vilain) avec une multitude d’effets spéciaux. C’est un film sur le passage d’un homme banal, laissé-pour-compte, humilié, qui va finir pour changer et devenir à la fin le fameux Joker. Et puis une fois n’est pas coutume, Joker constitue une œuvre à part où n’apparaîtra jamais son ennemi : Batman. Preuve que l’on est dans autre chose.

joker2Ce long métrage est avant tout une réflexion sur notre propre société. C’est précisément une chronique sociale montrant de façon évidente la fracture entre les riches et les pauvres. Il y a d’un côté Thomas Wayne (le père de Bruce Wayne, futur Batman), politicien démagogique vivant dans sa tour d’ivoire dont les idées populistes ne sont pas rappeller actuellement un certain Donald Trump. De l’autre côté, on a Arthur Fleck, vivant dans une résidence malfamée avec une mère alitée.Témoignage de la misère sociale.

Voilà une situation pas vraiment réjouissante. Mais cela ne s’arrête pas là. Arthur Fleck est un homme désespérément seul, en marge de la société. Il essaie de faire rire le monde mais ses tentatives en tant que clown tombent toujours à plat et le rendent pathétique. Arthur Fleck fait vraiment de la peine au spectateur lorsqu’il s’imagine adulé dans un show TV ou lorsqu’il s’imagine avoir une amie. On voit que ça ne tourne pas rond dans sa tête mais la société ne l’aide pas vraiment : à plusieurs reprises on le voit violenté (sans compter la révélation sur sa jeunesse), et même humilié puisque personne ne le respecte. Par souci d'économie dans le budget de la la ville, on décide même de lui supprimer ses séances avec une psychiatre, une des rares personnes avec qui il pouvait confier son mal-être.

Car Joker n’est pas un film aimable avec un héros charismatique se jouant de ses adversaires. C’est ici un film très noir, désespéré, à l’image de son principal protagoniste. L'acteur Joaquin Phoenix, qui a perdu 25 kilos pour endosser ce rôle, est impressionnant en Arthur Fleck. Il incarne avec une incroyable justesse le rôle de cet homme meurtri dans son être. Il faut le voir se mouvoir dans l’espace comme une âme en peine. Le plus caractéristique du personnage est sans nul doute ce rire quasiment étranglé, incontrôlé, qu’il effectue à chaque fois qu’il se retrouve en situation de stress. Ce rire est malaisant, pathétique. On sent que la saturation mentale est proche et que le monstre sommeillant en Arthur Fleck (le joker) va finir par s’extérioriser.

Sans chercher à extrapoler outre mesure, on peut voir en ce personnage le symbole des revendications des gilets jaunes en France ou des émeutes raciales ayant eu lieu aux Etats-Unis. Arthur Fleck devient malgré lui le représentant d’une société malade, qui n’en peut plus de subir chaque jour des affronts ou à tout le moins une situation désespérée. Dans ce film mature, on est bien loin du rêve américain.

joker3Et Joker en est d’autant plus terrifiant. Car le clown qui nous est proposé n’est pas un être surnaturel comme celui du Ça de Stephen King. Ici, le personnage est bien réel. On est confronté à un homme au départ inquiétant qui finit par devenir dangereux. Et le pire dans tout ça c’est que la société est responsable de cette transformation. Cela démonte au passage la thèse selon laquelle certaines personnes seraient naturellement mauvaises.

En l’espèce, Joaquin Phoenix constitue une nouvelle version du Joker, très précieuse. Et pourtant cela n’était pas gagné d’avance de faire oublier les autres versions du Joker, à savoir Jack Nicholson ou plus récemment le regretté Heath Ledger sous la direction de Christopher Nolan. On notera également l’excellente prestation de Robert De Niro dans le rôle de Murray Franklin, présentateur de show télévisé affable et prédateur. Il ne voit en Arthur Fleck qu’un bouffon qu’il utilise à son gré et sacrifie sur l’autel de l’audimat.

En conclusion, Joker est une œuvre résolument adulte prenant de façon pertinente le pouls de notre société à travers un personnage malade et bafoué. On ressort marqué de ce film, d’autant que la prestation de Joaquin Phoenix est extraordinaire. Le cinéaste Todd Phillips tient là son chef d’œuvre. Voilà donc un long métrage à ne rater sous aucun prétexte.

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