Réalisateur : Bruce Mac Donald
En 2017, Bruce MacDonald tourne en Afrique du Sud pour livrer une nouvelle version du célèbre héros biblique. Le film respecte dans les grandes lignes les quatre chapitres du livre des Juges faisant référence à Samson. Les israélites sont alors sous la coupe des Philistins qui les maltraitent et les ont réduit à l’état d’esclaves. Un espoir naît avec Samson, un israélite surpuissant, qui serait destiné à libérer son peuple. L’un des principaux attraits de ce long métrage est qu’il respecte le récit de la Bible. Le spectateur a donc l’occasion d’en savoir plus sur ce héros. Après tout, que sait-on de lui mis à part qu’il tire sa force de sa longue crinière ?
Ce Samson est également une chance pour les amateurs de péplum. Il permet en effet d’assister à un spectacle décomplexé. Les scènes d’action sont nombreuses, et Taylor James, interprétant « Samson » ne fait pas dans la dentelle, un peu comme les Hercule bodybuildés italiens. Samson est omniprésent et élimine – non sans humour par moments – des armées entières de Philistins à tour de bras. Voilà qui devrait plaire aux amateurs d’action.
Pour les autres, le spectacle risque de manquer cruellement d’ambition. A la différence du film de DeMille, la dimension romanesque est réduite à la portion congrue. Les amours de Samson existent bel et bien, mais il n’y a aucun aspect passionnel. C’est fort dommage car la relation entre Samson et Dalila constitue de prime abord une des plus belles histoires d’amour.
De la même façon, la dimension religieuse est tout juste effleurée. Samson tire sa force du fait qu’il s’est consacré à Dieu. De ce fait, il doit s’abstenir de toucher un cadavre, boire du vin et se couper les cheveux. Si notre héros invoque Dieu à plusieurs reprises, c’est fait de manière mécanique. On ne sent jamais de portée religieuse et d’évolution de Samson sur ce point. Le réalisateur Bruce MacDonald n’a pas mis en avant toutes les subtilités d’un personnage très riche. Il le réduit à une sorte de super-héros porté constamment sur un désir de vengeance et in fine très bagarreur. La subtilité n’est clairement pas une des marques de fabrique du film.
Il manque incontestablement un sens du dramatique pour que cette œuvre décolle et se démarque du tout venant. On reste trop terre à terre alors qu’il y avait matière à convoquer de façon plus merveilleuse le divin. Ce Samson remplit une de ses missions, à savoir distraire le spectateur, mais il ne le fait jamais rêver.
D’ailleurs, le casting n’est pas à la hauteur de cette histoire. Taylor James est efficace uniquement dans les scènes d’action. On n’a pas l’impression qu’il ait compris qu’il interprète Samson. Visiblement, il pourrait jouer de la même façon n’importe quel héros. On ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec le Samson de DeMille, avec Victor Mature étant autrement plus fin dans son jeu. Quant à Dalila, elle est interprétée par la très jolie Caitlin Leahy. L’actrice fait ce qu’elle peut avec un personnage manquant de profondeur. On songe encore une fois à la Dalila de DeMille, jouée par une inoubliable Hedy Lamarr, sensuelle à souhait. Quelques mots également sur les seconds rôles. Le regretté Rutger Hauer tient l’un de ses derniers rôles en tant que père de Samson. Quant à Lindsay Wagner (ex-héroïne de Super Jaimie), elle est sa mère. L’un et l’autre remplissent leur contrat mais ne laissent pas un souvenir impérissable. C’est finalement Billy Zane qui s’en sort le mieux en despote philistin crédible.
Le metteur en scène Bruce MacDonald répond manifestement à un cahier des charges (imposé ?) et ne dévie jamais de sa trajectoire. Sa mise en scène est d’ailleurs fonctionnelle et pourrait être faite par n’importe quel autre réalisateur. Il manque clairement un supplément d’âme.
Notons tout de même qu’un effort a été effectué au niveau du background. Les acteurs sont nombreux pour cette histoire se voulant épique. Quant aux décors tournés en Afrique du Sud, ils sont magnifiques avec leur côté aride. On se croirait vraiment dans l’Ancienne Israël. La cité principale des Philistins a fait l’objet d’un effort au niveau des détails mais les effets spéciaux sont parfois grossiers.
Terminons par une note positive : la bande-son est agréable à écouter. Le générique de fin nous permet d’apprécier le superbe morceau Home du groupe The Cloud porté sur le religieux et donc en phase avec la thématique du film. Dommage que l’on doive attendre la fin pour être enfin touché sur le plan émotionnel.
Critique parue à l'origine sur Ciné Dweller à l'adresse suivante :
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