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Déjantés du ciné
6 janvier 2020

Les filles du docteur March de Greta Gerwig

lesfillesdudocteurmarchafficheTitre du film : Les filles du docteur March (Little women)

Réalisatrice : Greta Gerwig

Année : 2020

Origine : Etats-Unis

Durée : 2h14

Avec : Saoirse Ronan (Jo March), Emma Watson (Meg March), Florence Pugh (Amy March), Eliza Scanlen (Beth March), Timothée Chalamet (Laurie Laurence), Laura Dern (Marmee March), Meryl Streep (tante March), Chris Cooper (M. Laurence), Bob Odenkirk (Robert March),etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Une nouvelle adaptation des "Quatre filles du Docteur March" qui s’inspire à la fois du grand classique de la littérature et des écrits de Louisa May Alcott.

 

Louisa May Alcott est une écrivaine américaine très connue pour son roman Les quatre filles du docteur March (Little women). Ce que l’on sait pas moins c’est que l’immense succès de ce roman paru en 1868 a engendré la suite de l’histoire, à savoir Le docteur March marie ses filles (Good wives) parue en 1869. Par ailleurs, contrairement à ce que laisse supposer le titre, le père de la famille March n’est pas un docteur mais un pasteur engagé en tant qu’aumônier dans l’armée nordiste.

De manière générale, les nombreuses adaptations télévisées ou au cinéma se sont souvent contentées de reprendre (de façon académique) l’histoire des filles March. La dernière adaptation au cinéma était celle de Gillian Armstrong (1995), valant avant tout pour son casting regroupant quelques stars de l’époque comme Winona Ryder, Susan Sarandon ou des stars en devenir : pêle-mêle on retrouve Christian Bale, Kirsten Dunst ou encore Claire Danes (l’héroïne de Homeland).

lesfillesdudocteurmarch1Quinze ans plus tard, en 2020, le roman de Louisa May Alcott a droit à une nouvelle version. C’est la réalisatrice de Lady bird (2018), Greta Gerwig, que l’on retrouve aux manettes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa version est marquée du sceau de l’originalité. Exit la présentation de l’histoire en deux parties avec d’abord l’enfance des filles March et ensuite leur vie adulte.

Le parti pris de Greta Gerwig est plus risqué puisqu’elle décide de faire un va-et-vient perpétuel entre les deux époques. Reconnaissons que le pari est audacieux mais plus difficilement lisible. Il faut un temps d’adaptation pour comprendre à quelle époque on se situe. Surtout que les acteurs utilisés sont toujours les mêmes, sans changement manifeste quant au vieillissement des personnages qu’ils incarnent.

Ce va-et-vient a toutefois un mérite important. Il permet de rendre le récit plus dynamique et surtout il renforce l’idée du passé présenté comme une sorte de paradis perdu. Nul besoin de développer la présentation des quatre filles du docteur March. Elles sont suffisamment connues : on a l’intrépide Joséphine (Jo) March, la sérieuse Margaret (Meg), l’envieuse Amy et la gentille Elisabeth (Beth). Voilà des sœurs qui, malgré leurs différences, se sont serrées les coudes durant leur enfance-adolescence avant de connaître des trajectoires bien différentes les unes des autres.

Concernant les deux personnages les plus marquants du film, Greta Gerwig n’a pas choisi ses actrices par hasard. Saoirse Ronan incarne le personnage de Jo. Elle avait déjà joué le rôle principal dans le précédent film de Greta Gerwig : Lady bird (2018). On ne peut d’ailleurs s’empêcher de faire un parallèle entre Jo March et Lady bird. L’une et l’autre sont éprises de liberté, souhaitent s’émanciper et rejoindre New York afin de connaître une nouvelle vie. Greta Gerwig ne s’est pas contentée de faire de Jo March le principal protagoniste de cette histoire – étant entendu qu’elle est évidemment la version romancée de Louisa May Alcott. Elle a également changé la destinée de Jo, ce qui devrait plaire aux pro-féministes.

lesfillesdudocteurmarch2Il est évident que ce changement est à replacer dans le contexte actuel, celui du mouvement Me Too et de l’égalité des droits souhaitée entre femmes et hommes. Evidemment, vu comme ça, le film prend une autre dimension.

Et ce n’est pas l’ambitieux personnage d’Amy March qui nous fera mentir. Là encore, le choix de l’actrice n’est pas anodin. La mignonne Florence Pugh s’était fait remarquer dans The young lady (2017) où elle incarnait une jeune femme sous l’emprise d’un époux imposé. Elle faisait tout pour s’affranchir de ce destin et des valeurs de la société anglaise en 1865. En jouant le rôle d’Amy March, elle incarne ici une jeune femme ambitieuse, souhaitant au départ vivre de sa passion : la peinture.

Voilà une autre caractéristique des filles du docteur March. Toutes disposent (à des degrés divers) d’une certaine aisance dans un art et souhaitent au départ en vivre. Mais Greta Gerwig montre bien que dans cette société américaine la femme est bien souvent reléguée au second plan. Pour réussir quand on est une femme, il faut faire un bon mariage. Ainsi, Meg March est la première à se marier. Elle rentre dans le rang puisqu’elle met fin à ses rêves d’actrice. Pour autant, elle ne fait pas un « bon mariage » puisque son époux est peu fortuné. Ce long métrage montre bien la frustration de Meg (jouée par une Emma Watson un peu trop lisse) de vivre dans une relative pauvreté et d’en être réduite à envier le sort d’autres femmes nettement plus aisées.

Mais tout le monde ne suit pas la voie de Meg, à commencer par Jo March. Cette dernière fait tout pour devenir une grand écrivaine et l’on ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre ce personnage et la vie de Louisa May Alcott. D’ailleurs, vers la fin du film, Greta Gerwig effectue une très intéressante mise en abyme entre la carrière de Jo et le processus créatif du roman Little women (qui n’est autre que la version originale des quatre filles du docteur March).

Dans cet univers de femmes, quelques mots sur les hommes. Chris Cooper interprète parfaitement le rôle du bienveillant Monsieur Laurence. Quant à Timothée Chalamet, il incarne le rôle fondamental du voisin des soeurs March, "Laurie" Laurence, le neveu de Monsieur Laurence. S'il joue plutôt correctement, reste que le choix de cet acteur (très) frêle n'est pas forcément la meilleure idée de la production. 

lesfillesdudocteurmarch3Au final, Les filles du docteur March peut paraître perturbant de prime abord par ses va-et-vient perpétuels entre l’enfance et l’âge adulte de ses personnages. Mais ce parti pris fait tout le sel de ce film qui met en exergue les liens familiaux, les joies, les peines, les rêves, les frustrations des différents protagonistes. Et cette version actuelle des filles du docteur March, bien loin du côté « rose bonbon » que l’on pourrait en attendre, constitue un formidable porte-étendard du féminisme.

Il ne serait pas surprenant d’apprendre que les actrices Saoirse Ronan ou Florence Pugh obtiennent un prix aux Oscar. Ne serait-ce que pour le côté symbolique.

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