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Déjantés du ciné
24 janvier 2018

Downsizing d'Alexander Payne

down1Titre du film : Downsizing

Réalisateur : Alexander Payne

Année : 2018

Origine : Etats-Unis

Durée : 2h16

Avec : Matt Damon (Paul Safranek), Kristen Wiig (Audrey Safranek), Christoph Waltz (Dusan Mirkovik), Hong Chau (Ngoc Lan Tran), etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Pour lutter contre la surpopulation, des scientifiques mettent au point un processus permettant de réduire les humains à une taille d’environ 12 cm : le "downsizing". Chacun réalise que réduire sa taille est surtout une bonne occasion d’augmenter de façon considérable son niveau de vie.

 

Downsizing constitue le nouveau film du réalisateur Alexander Payne, remarqué notamment avec The descendants (2012) où œuvraient George Clooney et une jeune Shailene Woodley (l'actrice de la saga Divergente).

S'il change totalement de sujet avec cette histoire de gens miniaturisés, il reste fidèle à son ton tragi-comique que l'on retrouve dans plusieurs de ces films. Mais peut-être plus que les autres, Downsizing peut dérouter le spectateur par son passage incessant du ton comique au ton dramatique.

Cela serait dommage de passer à côté de son film car Downsizing est probablement le film le plus abouti de son réalisateur. Et sans doute également son œuvre la plus ambitieuse.

down2Car il serait ridicule de réduire Downsizing à une pure comédie. Certes, le film comporte de nombreuses séquences drôles, voire insolites, à commencer par cette méthode de réduction des êtres humains qui les transforme en êtres de 12 centimètres !

Mais avec ce pitch farfelu, le cinéaste Alexander Payne entend surtout réveiller nos consciences. Nous gaspillons chaque jour de plus en plus de ressources de notre planète, et ce phénomène est irréversible, puisque la population ne cesse d'augmenter. A force d'agir de la sorte, une catastrophe pourrait bien causer la fin de l'espèce humaine. Pour l'instant, on est comme embarqué dans une voiture sans freins, prête à s'écraser à tout moment. Il est urgent de trouver une solution et pour l'instant on ne voit rien à l'horizon.

On nous manipule en nous parlant sans cesse d'écologie mais peu de choses concrètes voient le jour. La réduction de l'être humain pourrait être une solution face à notre sur-consommation. Encore faut-il que tout le monde joue le jeu. Et sur ce point, le personnage principal, Paul Safranek (Matt Damon), en est directement victime puisque sa femme fait volte-face et il devient le seul dans son couple à être réduit à une taille de 12 centimètres.

Dès lors, comme on peut s'en douter, sa vie va changer. Mais Alexander Payne profite de ce film aux allures de fable des temps modernes pour appuyer où ça fait mal. Les publicités incitant les personnes à faire du « downsizing » décrivent une situation idyllique : on devient millionnaire (dans ces micro-villes), on peut vivre sans travailler et s'offrir la maison de ses rêves, etc. Tout paraît pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais évidemment la réalité n'est pas aussi parfaite. Même dans ces micro-villes, il continue de s'établir une ségrégation entre les riches ou personnes de la middle-class ayant choisi de leur plein gré cette réduction et les pauvres, qui continuent d'être asservi. D'ailleurs, des bidonvilles surpeuplés continuent de gangrener ces villes nouvelles. Si la description sociétale de ce nouveau monde n'est pas piquée des hannetons, la politique n'est pas non plus oubliée.

Alexander Payne s'en prend directement à l'Amérique de Donald Trump lorsqu'il crée une histoire d'amour improbable entre un Américain et une immigrée vietnamienne. L'amour dépasse largement les frontières, et c'est sans doute le message à retenir !

down3D'ailleurs, comme dans ses autres films, la relation humaine apparaît essentielle aux yeux d'Alexander Payne. On retrouve la « patte » de ce cinéaste humaniste. Que cela soit l'amitié (Sideways, 2004), la famille (The descendants, 2012) ou la fraternité pour Downsizing, les relations entre les gens sont fondamentales. Voilà encore des valeurs qui nous éloignent de l'Amérique de Trump reposant sur la peur de l'autre et sur la ségrégation. Ces thématiques rendent Downsizing bien plus profond qu'il n'y paraît au premier abord.

Et puis ce long métrage peut se targuer d'une très belle distribution. Matt Damon est excellent dans le rôle subtil de Paul Safranek. A ses côtés, Hong Chau dévaste tout sur son passage dans un rôle comique qui n'est pas sans rappeler celui de l'asiatique hurluberlu dans Very bad trip. On a droit aussi à plusieurs seconds rôles savoureux avec en particulier un Christoph Waltz délirant, tout à la fois amusant et sensible.

Malgré sa durée relativement longue (2h16), Downsizing bénéficie d'un rythme alerte et on ne s'ennuie jamais. Il faut dire que l'on est happé par cette histoire certes surprenante mais qui donne l'impression d'être réelle. L'aspect fantastique est ainsi décliné dans une société qui rappelle immanquablement la nôtre. A fortiori, le film nous touche en plein cœur : on passe par diverses émotions avec la sensation d'avoir regardé un film vrai, sincère et humaniste.

Alexander Payne confirme haut la main tout le bien que l'on pense de lui.

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