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Déjantés du ciné
11 décembre 2018

Realive de Mateo Gil

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Titre du film : Realive

Réalisateur : Mateo Gil

Année : 2018

Origine : Italie

Durée : 1h52

Avec : Tom Hughes (Marc), Oona Chaplin (Naomi), Charlotte Le Bon (Elizabeth), Barry Ward (Dr West)

FICHE IMDB

Synopsis : Marc est un jeune trentenaire à qui tout réussit. Lorsqu’il apprend qu’il ne lui reste plus qu’un an à vivre, il prend une décision radicale : cryogéniser son corps dans l’espoir qu’on puisse le guérir dans le futur. A son réveil, 60 ans plus tard, sans repères et séparé de ses proches, Marc découvre un monde dans le quel il est devenu un étranger.

 

Réalisé par l’italien Mateo Gil, Realive part d’un postulat intéressant : atteint d’un cancer incurable, Marc, un trentenaire, décide d’échapper à la mort…en se suicidant. Mais son suicide a un but bien précis : permettre à son corps, alors en excellent état, d’être cryogénisé. L’objectif avoué est que les progrès futurs de la science le ramènent un jour à la vie.

Evidemment, cet espoir va se concrétiser puisque dans le cas contraire il n’y aurait pas de film…

Realive marche dans les pas de Bienvenue à Gattaca (1997), tant parce qu’il s’agit d’une œuvre dystopique qu’en raison de son traitement épuré. C’est d’ailleurs ce traitement quasi clinique qui permet au cinéaste Mateo Gil de masquer la faiblesse de son budget.

Ce long métrage est axé sur le personnage de Marc, lequel raconte son histoire (sa première vie en somme) avant son réveil par le biais de flashbacks.

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Realive met astucieusement en opposition les deux vies de Marc : celle avant la cryogénisation et celle après. Le film est empreint de nostalgie à moults reprises. Marc regrette clairement d’avoir fait un mauvais choix et de ne pas avoir profité pleinement de sa vraie fin de vie.

Le film invite le spectateur à s’interroger sur les conséquences de la cryogénisation. S’il est présenté comme un nouveau « Lazare », Marc ne repart pas de zéro. Il se remémore son passé, et notamment les moments heureux qu’il a vécus.

Realive pose les bonnes questions liées à la cryogénisation : si l’on a un jour la chance d’être ramené à la vie, pourra-t-on trouver sa place dans un monde qui a changé ? Comme nos proches seront décédés, ne risque-t-on pas d’être touché par la solitude ou à tout le moins par des regrets éternels difficilement supportables ?

La mise en scène marque également une césure entre ces deux vies différentes : les événements passés sont présentés comme des moments de joie, avec des couleurs chaudes. En revanche, le réveil de Marc et l’apprentissage de sa nouvelle vie a lieu dans un environnement clos et froid, celui d’une clinique new age.

La cryogénisation n’est plus en 2018 un mythe. On estime que 300 personnes dans le monde en bénéficient actuellement. Cela étant, Realive est là pour rappeler que ce procédé, encore hypothétique quant à ses conséquences, n’est pas forcément l’Eldorado attendu. Déjà, il faut avoir la chance d’être réanimé. Ensuite, il y a le risque d’être cruellement seul dans un monde inconnu et dans un état physique différent de celui que l’on a eu auparavant. Le personnage de Marc n’est pas un nouveau mais plutôt une sorte de monstre de Frankenstein revisité.

D’ailleurs, une des scènes-clés du film nous permet de comprendre que la réanimation d’un corps après de nombreuses années de cryogénisation (plus de 60 ans dans le cas de Marc) n’est pas quelque chose d’inné. Des sacrifices sont redoutés avant d’aboutir au résultat tant espéré.

Cela n’est pas un hasard si le docteur se nomme West : c’est une allusion explicite à Herbert West : réanimateur, nouvelle de Lovecraft parue en 1922 où un savant fou était prêt à tout pour ressusciter des morts.

Surtout, Mateo Gil nous amène à nous poser des questions sur notre propre condition : la mort, que nous rencontrerons tous, est quelque chose de naturel. Vouloir la combattre ou l’esquiver n’est pas forcément le meilleur choix, comme le prouvent les regrets (éternels?) de Marc.

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D’autant qu’il évolue désormais dans un monde où les sentiments semblent avoir disparu, l’amour étant par exemple réduite à sa considération purement physique.

Au niveau de la distribution, Tom Hughes est parfait dans le rôle difficile de Marc, un homme sensible, censé, se posant continuellement des questions sur ses choix. On retrouve à ses côtés, dans sa vie « passée » la belle espagnole Oona Chaplin dans le rôle de la compagne aimante. C’est elle qui apporte un côté romantique (et parfois même mélodramatique par son aspect histoire d’amour impossible) à Realive. Quant à l’ex-miss météo Charlotte Le Bon, elle fait preuve de beaucoup de sensibilité dans le rôle d’e l’infirmière de Marc. De son côté, Barry Ward interprète un trouble docteur West , que l’on peut aisément assimiler à un néo docteur Frankenstein.

En somme, en dépit d’un budget sans doute famélique et d’un rythme pas franchement alerte, Realive peut se targuer de thématique riches, d’une histoire prenante (les flashbacks constituent une excellente idée) et d’une solide distribution. Voilà un très bon complément au modèle du genre en matière de science-fiction réflexive, à savoir Bienvenue à Gattaca.

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