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Déjantés du ciné
21 avril 2020

Invisible man de Leigh Whannell

invisibleman1Titre du film : Invisible man

Réalisateur : Leigh Whannell

Année : 2020

Origine : Etats-Unis

Durée : 2h05

Avec : Elisabeth Moss, Oliver Jackson-Cohen, Harriet Dyer, Aldis Hodge, Michael Dorman, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Cécilia Kass est en couple avec un brillant et riche scientifique. Ne supportant plus son comportement violent et tyrannique, elle prend la fuite une nuit et se réfugie auprès de sa sœur, leur ami d'enfance et sa fille adolescente. Mais quand l'homme se suicide en laissant à Cécilia une part importante de son immense fortune, celle-ci commence à se demander s'il est réellement mort.

 

Le travail du cinéaste australien Leigh Whannell avait déjà été remarqué avec l’excellent thriller de science-fiction survitaminé Upgrade sorti en 2018. A peine deux ans plus tard, il réalise cette fois une version personnelle de L’homme invisible, célèbre roman de H.G. Wells paru en 1897, ayant donné lieu à de nombreuses adaptations.

Whannell parvient à se démarquer de ses prédécesseurs de deux façons : en s’inscrivant dans l’ère du temps sur le plan sociétal et en adoptant un point de vue original.

invisibleman2Dans Invisible man, on est pris à la gorge dès la première scène. On assiste à l’évasion d’une jeune femme, Cécilia Kass, qui a préparé son départ méticuleusement pour échapper à son mari violent. On tremble pour elle car il s’en faut de peu pour que son projet avorte. Et même quand elle est sauvée, cette femme n’est pas sereine pour autant. On sent qu’elle est encore sous le coup d’une relation toxique avec son mari possessif et manipulateur. Même la disparition de ce dernier ne la tranquillise pas totalement. Ce fort intérêt porté aux violences faites aux femmes est inévitablement à mettre au crédit du mouvement « me too » qui a clairement changé la donne. Le cinéma a lui aussi été traversé par cette onde de choc.

Il est donc logique d’une certaine façon qu’Invisible man joue avant tout sur l’aspect psychologique. Dans ce thriller, il y a ce qu’on voit mais surtout ce que l’on ne voit pas. Cécilia Kass assiste à des phénomènes étranges (un feu sur une gazinière dont le volume augmente tout seul etc.) laissant penser que quelqu’un la persécute. Mais qui ? Le film est vraiment très réussi au niveau de sa mise en scène. Leigh Whannell effectue un travail subtil entre ce que l'on voit dans le champ et le hors champ. Avec finalement peu de moyens, le metteur en scène Leigh Whannell parvient à instaurer un sentiment de peur, vécu à la fois par le spectateur et par le personnage principal.

Dans Invisible man, le film adopte un point de vue original, celui de Cécilia Kass et non celui de l’homme invisible comme on a l’habitude de le « voir » dans ce genre de film. C’est très intéressant car cela prouve une fois de plus qu’Invisible man est ni plus ni moins qu’un long métrage sur le harcèlement. Une fois n’est pas coutume, le harceleur est invisible, ce qui rend son emprise encore plus forte sur sa victime. Non seulement cette dernière ne peut pas efficacement se défendre, mais en plus elle est prise pour folle par son entourage. Quand on réfléchit bien, tout ceci n’est pas sans rappeler le comportement type d’un mari violent manipulateur. Souvent ce dernier se montre charmant aux yeux de son entourage alors qu’il est impitoyable avec sa femme dans la vie privée. Dès lors, la femme a bien du mal à trouver un écho pour étayer ses dires. Dans Invisible man, on ne cesse de ressentir cette pression psychologique avec une subtile montée en puissance des méfaits de l’homme invisible. On est tenu en haleine par la difficile quête de vérité de Cécilia. On tremble pour elle, preuve que le film marche aussi bien par son aspect thriller que par sa réflexion sociétale. On a d’ailleurs droit à un twist final tout à fait probant.

invisibleman3Avant cela, le spectateur aura tout de même droit à plusieurs séquences horrifiques assez gore. On songe notamment à l’épisode dans l’hôpital psychiatrique où les morts vont s’amoncellent en un temps record.

Invisible man prouve tout le bien que l’on pense d’Elisabeth Moss, l’actrice de la série culte The handmaid’s tale. Elle est vraiment impeccable dans le rôle de cette femme victime de violence qui va se battre jusqu’au bout pour s’en sortir. Son abnégation est remarquable, et symbolise évidemment ce mouvement féministe que l’on écoute enfin. Elisabeth Moss porte clairement le film sur ses épaules, même si les autres acteurs et actrices sont tout à fait convenables dans leur jeu.

En somme, Invisible man constitue une relecture pertinente du mythe de l’homme invisible et surtout une réalité visible des violences faites aux femmes. On valide à 100 %.

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Commentaires
N
Bonjour,<br /> <br /> <br /> <br /> Cette scène est d'une violence sèche assez incroyable. Cordialement.
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D
Bonjour, pas mal du tout mais il faut vraiment dire qu'il y a des scènes horrifiques comme celle avec la sœur qui est égorgée. C'est d'une violence inouïe. Bonne après-midi.
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