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Déjantés du ciné
8 août 2009

Revanche de Götz Spielmann

revancheRéalisé par Götz Spielmann
Année :
2008
Origine : Autriche
Durée : 121 minutes

Avec : Johannes Krisch, Ursula Strauss, Andreas Lust, Irina Potapenko...

FICHE IMDB

Résumé : Un homme, qui cherche à donner un sens nouveau à sa vie, effectue un braquage de banque qui tourne mal. En effet, il perd sa bien-aimée lors de ce braquage. Il prépare sa revanche face au policier à l'origine de cet homicide.

Réalisé par l'autrichien Götz Spielmann, Revanche est un excellent drame qui marquera  forcément l'année 2009 en France. Ce film, qui a été en compétition au 58ème festival de Berlin, a nettement mérité sa nomination aux Oscars dans la catégorie « Meilleur film étranger ».

Le film raconte deux histoires en parallèle où les protagonistes sont opposés dans leur vie quotidienne. D'un côté, il y a Alex, employé d'un bordel, et sa copine ukrainienne, Tamara, qui se prostitue dans le même établissement. De l'autre côté, il y a Robert, policier, qui a une vie de couple bien rangée avec son épouse, Suzanne, qui travaille ans un supermarché.

Le destin des principaux personnages de cette histoire va se retrouver liés le jour où Alex décide de braquer une banque dans un petit village rural. Par cause de malchance, Robert est présent sur les lieux et, souhaitant toucher les pneus de la voiture d'Alex, il tue accidentellement Tamara qui était présente aux côtés de son compagnon. Recherché par la police et souhaitant se faire oublier, Alex qui n'a pas été reconnu vu qu'il portrait une cagoule lors du braquage, décide de se réfugier à la campagne chez son grand-père. Ce dernier se trouve être le voisin de Robert et de Suzanne...

Sur ce synopsis déjà très excitant sur le papier, Götz Spielmann livre un film fort réussi tant sur le fond que sur la forme.

Le fond social est d'abord parfaitement rendu avec ce milieu sordide de la prostitution, où aucun espoir n'est permis, où l'argent est le maître mot de ces relations désincarnées. La relation entre Tamara et Alex est de ce point de vue une exception puisque au-delà de leur milieu, ils souhaitent en finir avec cet univers et avec les dettes. C'est la raison du braquage.

Le film s'intéresse même quelque peu à la question de l'immigration par le personnage de Tamara.

Surtout, le film vaut le détour car il montre clairement que si le bonheur est à portée de main, chacun a des difficultés dans sa vie. Alex et Tamara ont des problèmes d'argent alors que Robert et Suzanne n'arrivent pas à avoir d'enfant. Quant au grand-père d'Alex, il vit mal sa solitude (il parle souvent tout seul à son épouse décédée).

Et l'événement malheureux constitué par la mort de Tamara va aggraver la situation personnelle de chacun. Alex, qui se retrouve seul, devient une personne quasi mutique en raison du chagrin qui l'accable. Robert, pour sa part, culpabilise pour l'homicide involontaire dont il fait l'objet. Ses relations avec son épouse se détériorent sérieusement. En fait, seul le grand-père semble aller mieux. Ce personnage va d'ailleurs servir de lien entre Alex et Suzanne.

L'une des autres forces du film est de ne jamais tomber dans une sorte de manichéisme. Tous les personnages sont atteints par le chagrin et ils souffrent à des degrés divers. On est loin du film de vengeance traditionnel. Ici, pas de film réactionnaire.

Ce long métrage sert à mettre à jour toute la complexité de l'être humain. Le spectateur est balloté par les considérations du personnage d'Alex. Jusqu'à la fin, il se demande bien quelle va être son choix.

La mise en scène très rigoriste accentue également les sentiments intériorisés des personnages qui peuvent exploser à tout moment. C'est ainsi le cas avec les sanglots de Robert ; la relation quasi instinctive entre Alex et Suzanne (et qui marque donc la revanche de ce dernier, même si celle-ci n'est qu'indirecte) ; le travail d'Alex lorsqu'il coupe le bois, qui agit sur lui comme un véritable défouloir.

Le film est aussi très appréciable dans son approche psychologique. Ainsi, on ne peut être que marqué par cette scène où Alex interroge Robert, alors que ce dernier ne sait pas qu'il parle à l'homme dont il a tué la compagne. Alex sonde Robert lors de cette scène pour connaître son point de vue et son ressenti. Le film gagne là une dimension supplémentaire. Il évoque des notions fondamentales telles que le pardon, le deuil de l'être aimé ou encore la compréhension de l'autre.

Le tout se révèle d'une incroyable cohérence. Le réalisateur se permet même quelques références à la religion. Si Alex se dit païen, ses agissements, notamment à la fin du film, le  font passer pour un bon catholique. Il renonce à sa vengeance. Au lieu de donner la mort, il donne la vie et ne demande rien en retour. Voilà un film qui mérite incontestablement d'être vu.      

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