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Déjantés du ciné
21 février 2010

Invictus de Clint Eastwood

invictusRéalisé par Clint Eastwood
Année : 
2010
Origine : Etats-Unis
Durée : 132 minutes

Avec : Morgan Freeman, Matt Damon, etc.

FICHE IMDB

Résumé : L'accession de Nelson Mandela à la présidence de l'Afrique du Sud et le parcours des Springboks à la coupe du monde 1995.

11 février 1990 : après 27 ans d'incarcération pour sa lutte contre l'apartheid, Nelson Mandela est enfin libéré de prison.

Pas besoin de longs discours pour expliquer ce qu'est l'apartheid : les premiers plans d'Invictus, le dernier film de Clint Eastwood, sont très explicites. Ainsi, on voit d'un côté des Blancs qui sont en train de jouer au rugby, sur un beau terrain en gazon, alors que de l'autre côté de la route on voit des Noirs jouer au football, sur un terrain désert. Comment va dès l'union va dès lors pouvoir se faire entre Blancs et Noirs ? La réponse est justement la voiture qui passe sur cette route et qui amène Nelson Mandela vers son destin présidentiel.

En 1994, les Sud-Africains Noirs ont le droit d'aller voter et Nelson Mandela est élu haut la main président de l'Afrique du Sud. La fin de l'apartheid est en marche mais le chantier pour y parvenir est énorme.

C'est d'ailleurs tout l'intérêt du film de Clint Eastwood. Nous montrer que le fossé qui sépare les Blancs des Noirs est immense. La réconciliation va être difficile mais ne pourra se faire du jour au lendemain. Dans son film, on voit un Nelson Mandela (Morgan Freeman) qui ne cherche nullement à se venger de ceux qui l'ont emprisonnés. Au contraire, il fait tout pour que son peuple soit soudé. Cette idée est signifiée à de nombreux moments dans le film, et ce dès le début avec un Nelson Mandela qui ne souhaite pas limoger l'équipe administrative qui est en place. Il veut simplement que tout le monde soit au service de son pays. Administratifs Blancs et Noirs peuvent travailler ensemble. Mais au début, c'est difficile. Le meilleur symbole en est le service de sécurité où Blancs et Noirs ont bien du mal à cohabiter.

Pour parvenir à une meilleure entente, Nelson Mandela a pris entre autres comme moyen le rugby. C'est ce que nous explique clairement le film. Nelson Mandela va profiter de l'organisation de la coupe du monde de rugby en 1995 en Afrique du Sud pour tenter d'insuffler un esprit national et de permettre ainsi un début de réconciliation.

L'équipe d'Afrique du Sud, avec son charismatique capitaine François Piennar (Matt Damon) doit prouver qu'elle n'est pas seulement l'équipe des Blancs Sud-Africains mais de tout le peuple sud-africain. C'est la raison pour laquelle Nelson Mandela ordonne que l'équipe nationale parcourt le pays dans toutes les régions, pour promouvoir un sport dont se préoccupent peu les Noirs à la base. L'image où les petits gamins noirs, qui s'entraînent dans des conditions lamentables pour jouer au football et qui voient débarquer l'équipe nationale du rugby, venue leur expliquer les règles de ce jeu, est belle. C'est aussi comme cela que commence la fin de l'apartheid. Sur ce point, on regrettera que la question de l'apartheid ne soit tout juste esquissée. La vision du réalisateur paraît quelque peu idyllique car les Blancs et les Noirs ne sont pas devenus amis du jour au lendemain. Et les blessures dues à l'apartheid sont encore aujourd'hui loin d'être refermées. 

Mais bon, il faut aussi se rappeler que nous assistons à une fiction. La vérité historique n'est pas toujours respectée mais l'idée est surtout de faire passer un message. Comme cela sera le cas plus tard en France avec la coupe du monde 1998 de football, le film montre que la coupe du monde de rugby doit devenir une grande cause nationale en Afrique du Sud. La réconciliation – en tout cas provisoire – peut passer par le sport. Clint Eastwood s'intéresse finalement peu au sport en lui-même mais plutôt à la capacité de ce dernier de rassembler les gens. Les scènes de sport sont finalement assez mal filmées pour tout fan de rugby. On ne nous explique nullement les règles et c'est tout juste si on sait contre qui joue l'Afrique du Sud jusqu'au stade de la finale (on omettra évidemment dans le film de rappeler que la demi-finale contre la France a été gagnée après des décisions d'arbitrage pour le moins contestables). Mais l'intérêt est surtout d'indiquer qu'avec ces victoires inattendues, l'équipe d'Afrique du Sud de rugby remporte un combat qui se situe bien au-delà des frontières du sport. La finale est l'occasion d'un rassemblement sans précédent des Sud-Africains pour assister à ce moment sportif historique.

Lors de cette finale, Clint Eastwood, qui avait été jusque-là si sobre dans sa mise en scène, se  livre à des effets de style très à la mode et parfaitement dispensables : ralentis à gogo, insistance sur la foule qui assiste au match sont autant d'éléments auxquels on a droit. C'est dommage que Clint Eastwood se mette à appuyer les scènes de fin du film. Le film n'en gagne nullement en intensité ni en intérêt. Heureusement, le film n'en n'est pas pour autant gâché. On peut d'ailleurs remercier pour cela la distribution du film et principalement Morgan Freeman. L'acteur américain, qui est généralement très bon dans les rôles qu'il incarne à l'écran, est parfait dans celui de Nelson Mandela. Morgan Freeman est Nelson Mandela. Une fois passé les images d'archive au début du film, la transition qui nous fait passer avec Morgan Freeman se passe admirablement. Morgan Freeman incarne parfaitement cet homme de paix qui a toujours cherché à faire de son peuple un peuple soudé.

De son côté, Matt Damon est pour sa part très bon dans le rôle du capitaine de l'équipe de rugby d'Afrique du Sud. Déjà, sur le plan physique, Matt Damon a manifestement dû se livrer à un entraînement très dur car on voit qu'il a pris beaucoup de muscle. Sur le plan du jeu d'acteur, Matt Damon est crédible dans son rôle de capitaine d'équipe et surtout, dans les quelques scènes d'intimité où il exprime son point de vue sur la vie et sur son pays (avec Nelson Mandela lors de leur premier rendez-vous ; avec sa copine lorsqu'il évoque l'emprisonnement de Nelson Mandela).

Bercé par une très belle bande-son dont on reconnaîtra entre autres une chanson de Johnny Clegg (il est d'ailleurs dommage de ne pas avoir donné un petit rôle à un acteur jouant le rôle du « zoulou blanc », symbole d'une réconciliation souhaitée par certains entre Blancs et Noirs avec une musique qui associe des paroles anglaises à de la musique zoulou), Invictus (qui signifie invaincu) marque la victoire de l'Afrique du Sud lors de la coupe de monde de rugby en 1995. Mais le film est avant tout destiné à montrer aux yeux du monde que l'Afrique du Sud est en marche vers une cohésion sociale. C'est encore loin d'être fait, même aujourd'hui, mais l'idée qui fait suite à une volonté de tous les instants de la part de Nelson Mandela, est belle.

On comprendra dès lors qu'au-delà de quelques défauts perceptibles, Invictus demeure un beau film, émotionnellement bien prenant. 

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Commentaires
W
Un bon film mais avec quelques gros défauts, comme vous dites.<br /> Amicalement<br /> Wilyrah
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