La mouche de David Cronenberg
Réalisateur : David Cronenberg
Année : 1987
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h36
Avec : Jeff Goldblum (Seth Brundle), Geena Davis (Veronica Caife), Leslie Carlson (docteur Cheevers), etc.
Synopsis : Un brillant scientifique, Seth Brundle, tente de mettre au point un système révolutionnaire de téléportation. Lors d'un essai qu'il effectue lui-même, une mouche se glisse à l'intérieur du téléporteur.
Le film La mouche, mis en scène par David Cronenberg, constitue un remake du classique de Kurt Neumann, La Mouche Noire, datant de 1958. Dans l'original, un mouche et un homme échangent leur tête. Dans ce film, l'homme et la mouche ont fusionné génétiquement, ce qui fait d'ailleurs du film de Cronenberg un film particulièrement original.
Le savant, Seth Brundle, incarné par un très bon Jeff Goldblum, ne se transforme pas en une mouche géante mais plutôt en une créature qui n'a jusqu'alors jamais existé. L'aspect de Seth Brundle change progressivement sans que celui-ci puisse faire quelque chose. Il souffre d'un mal incurable. La connotation dramatique est dès lors perceptible. De ce point de vue, il n'est pas absurde de penser que la maladie dont souffre Seth Brundle constitue une métaphore du virus du sida.
Mais le problème n'est pas uniquement physique pour le savant. S'il est incontestable que l'allure de Seth Brundle dégoutte de plus en plus le spectateur (certaines scènes sont assez impressionnantes, comme celle où Jeff Goldblum perd ses dents, ses ongles et ses oreilles), il y a plus grave.
En effet, Seth a de plus en plus de mal à se faire comprendre de sa bien-aimée, la belle journaliste Veronica, dont il était tombé amoureux peu de temps avant sa téléportation. Geena Davis, incarne parfaitement cette femme qui aime Seth et qui tente tout ce qu'elle peut pour l'aider. Mais elle ne peut rien. La partie « insecte » qui est en Seth prend progressivement le dessus sur la partie humaine. Seth s'en rend compte. Il voit bien qu'il a de plus en plus de mal à contrôler ses émotions. C'est justement dans une scène très touchante qu'il déclare à la journaliste : « J'ai peur. Aide-moi. Je t'en prie. »
Mais personne ne peut l'aider. Au fur et à mesure que l'histoire avance, ce savant ne peut plus communiquer avec autrui : ni avec son ordinateur (qui ne reconnaît plus sa voix) ni avec les humains dont il faisait partie avant sa téléportation. Seth est malgré lui mis au ban de la société. De ce point de vue, sa situation fait penser au personnage Gregor Samsa dans l'extraordinaire roman de Kafka, La métamorphose.
Sauf qu'ici Seth ne se laisse pas faire. Ayant appris que Veronica était enceinte de lui, il l'empêche de se faire avorter et tente de la ramener à lui.
La mouche de Cronenberg est un film très intéressant et ce à plus d'un titre. Ce long métrage n'est pas seulement un film d'horreur, c'est également un thriller. On peut même y déceler une thématique romantique par la relation qui s'établit entre Seth et Veronica.
Ce film, qui a été l'un des plus gros succès en salles de Cronenberg, notamment grâce à des effets spéciaux qui n'ont pas pris une ride, donne l'occasion au spectateur de s'interroger sur plusieurs questions bien contemporaines : les rapports entre l'homme et la science, les rapports entre l'homme et la maladie, les problèmes qu'ont les gens à communiquer.
En somme, La mouche est un film d'une grande richesse et d'une grande variété sur le plan des idées. Son succès est donc très largement mérité.