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Déjantés du ciné
31 mai 2018

Death wish d'Eli Roth

deathwish1Titre du film : Death wish

Réalisateur : Eli Roth

Année : 2018

Origine : États-Unis

Durée : 1h49

Avec : Bruce Willis, Vincent d’Onofrio, Elisabeth Shue, etc.

FICHE IMDB

Synopsis : Quand il ne sauve pas des vies, Paul Kersey, chirurgien urgentiste, mène une vie de rêve, en famille, dans les beaux quartiers de Chicago… Jusqu’au jour où tout bascule. Sa femme est sauvagement tuée lors d’un cambriolage qui tourne mal… Sa fille de 18 ans est plongée dans le coma. Face à la lenteur de l’enquête, il se lance dans une chasse à l’homme sans merci.

 

En 1974, le réalisateur Michael Winner avait marqué les esprits avec son « vigilante movie », le célèbre Un justicier dans la ville. Charles Bronson y incarnait Paul Kersey, un homme prêt à tout pour venger sa femme assassinée et sa fille violée. Lors de sa sortie, les critiques n’avaient pas été tendres avec ce film, certains le qualifiant de facho. Dans tous les cas, même s’il verse pas dans la subtilité, Un justicier dans la ville reste un long métrage efficace et dynamique, porté par un Charles Bronson inoubliable.

En 2018, plus de 44 ans après l’oeuvre originale, le cinéaste américain Eli Roth, a décidé faire un remake du Justicier dans la ville. Bien connu pour ses films horrifiques Cabin fever (2002) et Hostel (2005), Eli Roth a toujours clamé son amour pour les films bis d’antan. Ainsi en 2013, il avait remis au goût du jour le film de cannibales avec l’intéressant The green inferno qui ne lésinait pas sur les effets gore. Désormais, la question est donc de savoir si Eli Roth va réussir son pari en mettant en scène un nouveau Justicier dans la ville.

deathwish4Pour ce faire, il a choisi dans le rôle principal un acteur bien connu au physique plutôt imposant : Bruce Willis. On est donc curieux de voir le résultat à l’écran de l’alliance Eli Roth – Bruce Willis. Ce dernier y reprend le rôle de Paul Kersey, un homme dont la vie bascule dans l’enfer le jour où sa femme est tuée et sa fille tombe dans le coma. Eli Roth prend certaines libertés avec l’œuvre originale, qui malheureusement ne se révèlent pas pertinentes. Dans le film de Michael Winner, l’agression dont sont victimes la femme et la fille de Paul Kersey par trois malfrats (dont l’un était joué par un jeune Jeff Goldblum!) est à la limite du soutenable. La tension était alors palpable et le pire était à venir : la femme était sauvagement assassinée alors que la fille était victime d’un viol odieux, qui allait durablement la marquer sur le plan psychologique. Dans le film d’Eli Roth, la même séquence est vidée de sa substance controversée : on se limite à une scène de cambriolage qui tourne mal.

Et tout le reste du film est du même acabit, avec un côté finalement très lisse et conventionnel. On est dans un pur film de vengeance, comme on a l’habitude d’en voir au cinéma ou à la télévision. Ce manque d’originalité surprend de la part d’Eli Roth. Connaissant l’œuvre de ce cinéaste américain, on s’attendait à quelque chose de très violent, voire gore et peut-être même malsain sur le plan sexuel.

Au lieu de cela, on suit une trame particulièrement classique. Les 40 premières minutes du film sont d’ailleurs un peu laborieuses car il ne se passe pas grand-chose. Ensuite, on assiste à l’intervention de ce fameux justicier dans la ville de Chicago, la « cité de la mort ».

Dans l’œuvre originale, une des excellentes idées du scénario était de montrer une vengeance un peu vaine puisque Paul Kersey ne retrouvera jamais les gens qui ont tué sa femme et violé sa fille. Une manière très claire de faire comprendre au spectateur que la vengeance seule ne mène à rien. Dans la version de 2018, cette subtilité scénaristique n’a même plus cours : par un très heureux hasard, Paul Kersey retrouve un à un les criminels qui s’en sont pris à sa famille.

Alors bon, ne soyons pas totalement négatif quant à la qualité de ce film. Il y a tout de même quelques séquences valant le détour. On songe notamment à cette scène où Paul Kersey s’en prend à des malfrats en mettant sa vie en danger. Il y a aussi la séquence finale nous donnant l’impression d’être dans un « home invasion » avec le « héros » qui est attaqué chez lui.

deathwish3Toutefois, le côté mécanique de nombreuses scènes d’action enlève tout attrait à ce film. On aurait alors pu espérer une réflexion sur la notion de la vengeance. Que nenni. Même si Paul Kersey fait le « buzz » après que l’une de ses sorties ait été filmée et déposée sur youtube, le débat qui s’en suit sur la vengeance ne dépasse jamais la réflexion de comptoir. Et la police est bien souvent aux abonnés absents.

On pourrait se dire que le film va être au moins sauvé par sa distribution. Et bien non c’est tout l’inverse. Bruce Willis a toujours la même expression sur le visage, qu’il doive exprimer sa peine suite au meurtre de sa femme, sa colère ou encore sa haine à l’égard des malfrats de la ville. L’acteur en perd tout crédit et n’est absolument pas charismatique.

En somme, Un justicier dans la ville version 2018 déçoit énormément. Au mieux, quelques scènes d’action sauvent le film d’un désastre total. C’est bien peu. Il est préférable de revoir le film original, sans doute réac’ sur le fond mais bien plus prenant.

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Commentaires
N
Merci pour votre commentaire. Evidemment je suis d'accord à 100%.
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J
Quel intérêt de refaire Death Wish en 2018? Pour moi, aucun. Quand bien même la livraison de Roth eut été un chef-d'œuvre (mais il y avait peu de chances!) Death Wish de Michael Winner est avant tout un film totalement ancré dans son époque et c'est ce qui lui donne une partie de sa force, en plus de Bronson et du scénario évidemment. Ce remake sur lequel j'ai évidemment fait l'impasse illustre un peu plus ce qu'est devenu une partie de l'industrie cinématographique US: une machine à recycler. Et votre critique, parfaitement argumentée, me suffira amplement à me conforter dans l'idée que ce remake était vain! Et enfin, je suis tout à fait d'accord, jetez-vous sur l'original!<br /> <br /> Cinemaniaq
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