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Déjantés du ciné
30 janvier 2022

Tralala de Arnaud et Jean-Marie Larrieu (critique film + blu ray)

tralalajaquettebluTitre du film : Tralala

Réalisateurs : Arnaud et Jean-Marie Larrieu

Date de sortie au cinéma : 6 octobre 2021

Origine : France

Durée : 2h01

Avec : Mathieu Amalric, Josiane Balasko, Bertrand Belin, Mélanie Thierry, Maïwenn, etc.

Editeur : Pyramide Video (site internet de l’éditeur, page facebook, page twitter)

En Blu-Ray, DVD, VOD et EST depuis le 1er février

Synopsis : Tralala, la quarantaine, chanteur dans les rues de Paris, croise un soir une jeune femme qui lui adresse un seul message avant de disparaitre : "Surtout ne soyez pas vous-même". Tralala a t-il rêvé ? Il quitte la capitale et finit par retrouver à Lourdes celle dont il est déjà amoureux.

 

Depuis 2015 et leur excellente comédie 21 nuits avec Pattie, nous n’avions plus entendu parler des frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu. La sortie de Tralala en 2021 marque donc leur grand retour au cinéma.

Annoncée comme une comédie musicale, Tralala est pourtant une comédie à cent lieues d’un Chantons sous la pluie (1952) avec un Gene Kelly virevoltant, dansant sous la pluie et sautant dans les flaques d’eau pour signifier sa joie. Chez les frères Larrieu, on suit les pérégrinations d’un certain Tralala, un vagabond (Mathieu Amalric) faisant de la musique à ses heures et squattant là où le vent le porte. Vu de cette façon, Tralala a tout du film social d’auteur, pas franchement engageant. Que nenni. Les deux co-réalisateurs choisissent délibérément de s’intéresser à un marginal pour signer certes une comédie musicale où les acteurs poussent la chansonnette, mais surtout un feel good movie très réussi.

tralala1D’après les cinéastes, la musique du film est là pour enchanter nos vies désenchantées. Son importance est bien réelle. Toutefois, ce sont les rencontres et les errances de notre personnage principal qui sont les plus marquantes.

Reconnaissons d’emblée qu’il faut un petit temps pour s’habituer au cinéma décalé et très personnel des frères Larrieu. Dans Peindre ou faire l’amour(2005) et dans 21 nuits avec Pattie, la liberté sexuelle était le leitmotiv de ces œuvres drôles sur la forme mais assez transgressives sur le fond.

Avec Tralala, les deux frères restent dans cette même approche libertaire, en tenant compte des évolutions de notre monde. On voit bien que la covid-19 est passée par là (les masques chirurgicaux nous le rappellent aisément) et que la morosité a gagné notre société. Tralala n’hésite pas à déclarer : « J’ai beaucoup rêvé. Les rêves se sont fracassés. »

Dans ces conditions, de quel échappatoire disposons-nous pour reprendre le cours de nos vies ? A cette question,les frères Larrieu invitent le spectateur à changer de vie ou en tout cas la perception de celle-ci.

Le personnage de Tralala en est le meilleur exemple. Il quitte ainsi sa vie chaotique à Paris pour rejoindre une mystérieuse jeune femme à Lourdes (ville de naissance des réalisateurs). Sur place, les choses vont radicalement changer pour Tralala dont la destinée rappelle étrangement la parabole du fils prodigue (évangile de Saint-Luc). Par une étrange coïncidence, Tralala trouve une nouvelle famille et prend l’identité de Pat.

Avec un ton très drôle et ludique, où les références bibliques sont distillées avec un certain amusement, le film emporte son personnage principal dans une nouvelle vie où il retrouve amour et bienveillance. La chanson Sexy cool, marque très bien ce changement vers un ailleurs plus gai : « Je suis moi quand j’suis toi. Je suis cool quand t’es cool. Je suis stress que tu stresses. Je suis sexy quand t’es sexy ». La formule Ne soyez pas vous-même invite tout un chacun à un changement salvateur. La première révolution se fait dans la tête. Le reste suit si on en a la volonté, comme Tralala devenu Pat.

Il y a beaucoup de chaleur humaine qui entoure Pat et les siens. La (longue) séquence de la discothèque est vraiment magnifique. On a l’impression que cette scène crée un passage vers autre chose, vers un ailleurs plus positif.

tralala2Les frères Larrieu aiment tous les personnages et cela transparaît à l’écran. Et pour ne rien gâter les deux co-réalisateurs ont fait confiance à une belle brochette d’acteurs. Dans le rôle principal de Tralala/Pat, on retrouve un Mathieu Amalric très à l’aise en homme tout à la fois lucide sur son cas et assez candide. A ses côtés, Josiane Balasko et Bertrand Belin constituent les membres d’une famille que l’on aimerait avoir. Des seconds rôles marquants échoient également à une émouvante Mélanie Thierry et à Maïwenn.

Le film a un peu de mal à tenir la distance, et ses 2h sont sans doute trop longues. Mais les intentions sont louables, notamment cette volonté de mettre fin à la grisaille actuelle.

La bande originale du film est d’ailleurs au diapason de celui-ci avec tout de même des chansons que l’on doit à Philippe Katerine, Bertrand Belin (décidément sur tous les fronts) ou encore Jeanne Cherhal. Du tout bon !

Au final, Tralala est marqué du sceau des frères Larrieu dont on reconnaît la fantaisie et l’esprit de liberté. Ce film oscillant entre réalité concrète et rêve auto-entretenu est une de leurs plus belles réussites.

Caractéristiques du blu ray édité par Pyramide Video  :

L’image : L’image est de très bonne facture dans l’ensemble.

Le son : Le son est lui aussi d’un excellent niveau, ce qui est d’autant plus appréciable pour un film musical. On signalera l’excellente initiative de l’éditeur qui a rendu le film disponible en audiodescription mais également avec des sous-titres pour sourds et malentendants.

Les suppléments : Le principal bonus est une courte (4 minutes) présentation du film par les frères Larrieu qui reviennent de façon synthétique sur Tralala. On a droit également à un court métrage (24 minutes) des frères Larrieu, Madonna à Lourdes, daté de 2001. Dans ce court qui a lieu à Lourdes comme pour le film, les deux cinéastes font preuve une nouvelle fois d’un ton décalé. Le reste des bonus est constitué de bandes annonces de de films disponibles chez Pyramide Video : Tralala, Une histoire d’amour et de désir, Indes galantes et The singing club.


Lien vers la fiche du film sur Cinetrafic :

https://www.cinetrafic.fr/film/63761/tralala

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