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Déjantés du ciné
4 juillet 2008

The darwin awards par Finn Taylor

darwin

Réalisé par Finn Taylor

Origine : U.S.A.

Année: 2006

Avec : Joseph Fiennes (Michael Burrows), Winona Ryder (Siri), David Arquette (Harvey), Chris Penn (Tom), Max Perlich (Bob)

FICHE IMDB

Synopsis : un profiler licencié de la police, Michael Burrows, fait équipe avec une experte en assurance afin d'établir le profil des potentiels gagnants aux Darwin Awards. Ils vont découvrir que certaines personnes repoussent les limites de la bêtise...

Cela, Michael Burrows va vite s'en apercevoir en enquêtant sur ces morts afin de dresser le portrait type du candidat aux  Darwin Awards.



Le film nous apprend tout d'abord que les  Darwin Awards sont des prix remis aux personnes mourant dans des circonstances stupides, ceux-ci existent depuis les années 70 aux États Unis. Ce classement dénote un humour des plus macabres relevé d'une bonne pointe d'ironie, toutefois contrastée par l'hommage certain, certes posthume, à la créativité et à l'originalité des défunts dans ce qui va provoquer leur mort.

L'aspect Darwinien des  Darwin Awards n'est pas évident de prime abord. Il faut rappeler que Charles Darwin, biologiste de son état, est le père de la théorie de l'évolution par laquelle il a apporté la preuve scientifique que toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d'un ancêtre commun ou d'un petit nombre d'ancêtres communs, grâce au processus de sélection naturelle.  Les  Darwin Awards en couronnant la bêtise de certains montrent que celle ci peut opérer comme un processus de sélection naturelle et donc d'amélioration de l'espèce humaine.

D'entrée, le film donne le ton : après une brève explication de ce que sont les  Darwin Awards , nous assistons à la reconstitution de l'un de ces faits divers dignes de défrayer la chronique dans les rubriques « insolites » des journaux : un homme d'affaires dans son nouveau bureau, prenant un verre en compagnie d'amis, est fier de leur montrer la résistance de ses baies vitrées qui, selon lui, sont blindées. Devant l'incrédulité de ces amis, il se livre donc à une mise à l'épreuve, et armé d'un coussin en guise de protection à l'épaule, tel un fier quaterback à l'entrainement, s'en va défier la solidité de ses vitres : on le voit chuter du haut de la tour où se trouvait son bureau...

La stupidité de l'acte et le traitement léger des décès, devenus parodies  par leur excès de bêtise font  de The Darwin Awards une comédie originale où tout semble prétexte à  un humour débridé, tout aussi inventif et décalé que peuvent l'être les prétendants aux  Darwin Awards.

Le film est vu du point de vue de  Michael Burrows, auto déclaré meilleur profiler de la police criminelle, qui perd son emploie pour avoir laisser s'échapper un dangereux criminel qu'il recherchait. La  raison de cette erreur, qui le conduit à l'éviction est des plus loufoque : notre héros est atteint d'hématophobie qui est la phobie du sang, notemment de la vue de celui-ci.

Elle est souvent assimilée aux craintes ayant trait à l'univers hospitalier. Contrairement à beaucoup d'autres phobies, le sujet n'a pas envi de fuir ou ne fait pas preuve de nervosité. En revanche, elle se traduit par des effets physiologiques: baisse du rythme cardiaque et de la tension pouvant aller jusqu'à l'évanouissement.

Selon le psychanalyste Serge Vallon "le sang est signe de vitalité tant qu'il est caché à l'intérieur. Dès qu'il sort, il devient visible, il est la manifestation d'une vitalité qui nous échappe. Il parle de mort".

Michael Burrows, lui, s'évanouit à la vue de la moindre goutte de sang, ce depuis son enfance, flash

back à l'appuie nous montrant la découverte de sa pathologie, alors qu'il se livrait déjà à des investigations policières à l'école ( ce qui ne manque pas de faire penser à l'évocation de la jeunesse de Sherlock Holmes dans Le secret de la pyramide , dont le titre original est Young Sherlock Holmes.)

Pour rajouter au comique de la situation, il faut ajouter que le film est censé être un travail d'étude universitaire sur les profiler, Michael Burrows étant donc constamment suivi par un caméraman filmant le moindre de ses faits et gestes, et ayant le souci de la « neutralité » au point de laisser « l'objet » de son étude dans le désarroi lorsqu'il est en mauvaise posture: on le voit notamment continuer à filmer Michael alors que le criminel, avant de lui échapper, le passe à tabac.

A la recherche d'un emploie suite à son éviction de la police, c'est à la faveur d'un fait divers sur une mort stupide qu'il élabore une théorie : il devrait être possible d'élaborer un profil de ces « candidats » malgré eux aux  Darwin Awards, ce qui permettrait aux société d'assurances de mieux se protéger, et de ne pas avoir à verser d'argent suite à des dépôts de plaintes abusifs .

C'est donc tout naturellement qu'il va proposer ses services à  une société d'assurance, où l'accueil du directeur est plus que mitigé. Mais le sens aigu de l'observation de notre héros, et sa grande imagination, vont retourner la situation en sa faveur: jouant sur les points faibles du directeur adultérin, Michael se joue de la défiance de celui-ci pour lui prouver l'importance d'une étude sur le profil type de ces défunts défiants les normes de la logique, et susceptibles de faire de bons candidats aux  Darwin Awards.

C'est accompagné d'une experte en assurance, Siri, chargée d'expertiser les conditions des décès et les éventuelles fraudes, et de son inséparable caméraman que peut commencer l'enquête.

Un des  ressorts comique du film repose sur les caractères de nos protagonistes, que tout semble opposer : Michael Burrows est réfléchi, méthodique et maladivement « responsable », cherchant à se préserver du moindre accident, alors qu'il est d'une grande maladresse.Siri, elle, est plus fonceuse, froide au point d'en être cynique et désabusée, usée qu'elle est par la longue pratique d'une profession déshumanisante. Le caméraman, qui bien que constamment hors champs répond de temps à autres à nos deux héros, brille lui par sa passivité, même lorsqu'il doit partager les déboire de ses compagnons de route.

Un des autres ressorts comiques du film repose sur les « reconstitutions » des incidents sur lesquels les conduira leur enquête : en effet,  Michael, doté d'une imagination débordante, est  systématiquement le point de départ de celles-ci, ses hypothèses de travail prenant vie sous nos yeux pour immortaliser des instants qui, leur issue dramatique mise à part, font preuve d'un  aspect burlesque décalé,  que la mise en scène ne manque pas de souligner, rendant la bêtise humaine d'autant plus fascinante parce qu'en perpétuelle renouvèlement.Michael, dont la conscience professionnelle semble hors norme, au point de ne pas avoir de vie sociale et intime, semble revivre les faits sur lesquels il enquête, à l'instar du héros de le sixième sens, de Michael Mann, Will Graham.

Enfin, la réalisation se joue des ressorts du film de genre, notamment des films noirs, et des trauma : ici, notre profiler est totalement obnubilé par son erreur, avoir laisser s'échapper un dangereux criminel, et vit dans la crainte de le voir recommencer des actes qu'il aurait put empêcher.

Le film navigue donc entre plusieurs univers, celui du film policier, afin de présenter le personnage du profiler, mais aussi celui de la comédie romantique, car nos protagonistes vont être amenés, malgré leur différence de caractère, à s'aimer.

Le « sixième sens » de notre héros, va peu à peu l'amener à perdre pied vis à vis de la réalité, et à comprendre, de manière dangereuse, les victimes sur lesquelles il enquête, dont le profil est si éloigné du sien, lui qui est si prévoyant et prudent. Le film nous le montre même se mettre en danger, ainsi que ses compagnons, dans un expédition dont l'issue aurait put être plus fatale, mais qui nous fait surtout comprendre que la vie peut basculer rapidement, suite à un enchainement de circonstances et de mauvaises décisions, de mauvaise évaluation des risques.

Au final, le film, qui pouvait s'annoncer comme cynique, finit par être un hommage à ceux qui ont fait le parie de l'audace et de l'imagination, certes débridée et risquée, mais qui ont voulu , avant tout, sortir de l'anonymat ou  du quotidien qui les étouffait.Michael, à propos de l'une des victimes, écrasée par un distributeur de boissons, déclarera :" c'est un défi au système." L' imagination apparait alors comme la seule chose qui puisse encore nous permettre de nous distinguer. 

The Darwin Awards , s'il n'est pas un chef d'oeuvre, n'en demeure pas moins une comédie de bonne facture, au scénario original, que l'on prends plaisir à découvrir.


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