La famille Wolberg d'Axelle Ropert
Réalisé par Axelle Ropert
Année : 2009
Origine : France
Durée : 95 minutes
Avec : François Damien, Valérie Benguigui, Valentin Vigourt, Léopoldine Serre,
Guillaume Verdier, Serge Bozon, Jean-Luc Bideau, Jocelyn Quivrin.
FICHE IMDB
Résumé : La vie de la famille Wolberg à Mourenx, dont le père en est le maire.
Réalisé par Axelle Ropert dont c'est le second long métrage, La famille
Wolberg est comme son titre l'indique un film qui s'intéresse à la
famille. Le film est une comédie dramatique et on comprend bien vite
pourquoi.
Dans la famille Wolberg, on est loin d'être dans un monde où tout le
monde il est beau tout le monde il est gentil. Par son ton abordé, par
ces dialogues qui fusent et qui sont révélateurs d'une famille qui a
(parfois) du mal à se supporter, on est proche d'un film de
Pialat comme A nos amours.
La réalisatrice nous dépeint d'abord et surtout le père de la famille
Wolberg, Simon Wolberg (incarné superbement par François Damien) qui
est le maire d'une petite ville, Mourenx. Ce père de famille est un
être qui a une notion bien arrêtée de la famille. Pour lui, la famille
est le cœur de tout le système de notre société et les membres d'une
famille doivent être solidaires entre eux. Avec son caractère
particulièrement étouffant, Simon Wolberg n'est plus aimé de son épouse
et sa fille aînée, qui va atteindre ses 18 ans, pense quant à elle à quitter la
cellule familiale. Seul le fils cadet apprécie toujours autant son
père. De son côté Simon Wolberg fait tout pour conserver son épouse,
quitte à aller voir l'amant de celle-ci (le « blond »). Certes, Simon
Wolberg peut apparaître comme un personnage égocentrique mais la
cinéaste Axelle Ropert montre dans le même temps qu'il s'agit de
quelqu'un d'aimant, qui pense avant tout à être auprès des siens et de
les conserver le plus longtemps possible. Simon Wolberg est même d'une
grande sensibilité, notamment lorsque l'on comprend qu'il ne dit pas à
sa famille qu'il est atteint du cancer et que ses jours sont comptés.
Simon Wolberg veut finalement profiter de ses derniers jours avec sa
famille et même s'il s'y prend parfois assez mal (certaines scènes
donnent lieu à un humour pince sans rire pour le moins particulier), on
ne peut pas le blâmer.
Le plus triste dans cette histoire est surtout le fait que Simon
Wolberg, maire de son village, est sans cesse en représentation. Il est
en représentation quand il inaugure une plaque dans un collège de la
ville, il l'est quand il prépare les prochaines élections municipales
mais il l'est aussi quand il va voir l'amant de sa femme ou encore
quand il fait un discours pour les 18 ans de sa fille.
Quelques scènes avec Simon Wolberg sont très fortes sur le plan
émotionnel. C'est le cas au moment où Simon Wolberg annonce au
cimetière, à sa mère décédée, qu'il est malade (alors qu'il fait croire
aux siens que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes) ou
encore lorsque Simon Wolberg a des mots très tendres avec sa fille
lorsqu'ils se voient pour la dernière fois dans le film. On sent que
ces deux êtres, qui ne sont pas sur la même longueur d'ondes, sont
apaisés dans leur relation. Il y a une belle relation père-fille qui
s'établit à ce moment, un peu comme à la fin de A nos amours de Pialat.
Il serait tout de même réducteur de dire que La famille Wolberg est
Simon Wolberg. Le film vaut également pour tous ces seconds rôles qui
sont loin d'être des caricatures. Tous les personnages, à leur façon,
sont touchants. Il y a d'abord la mère qui a cherché plusieurs fois à
quitter son époux mais est finalement restée (peut-être en raison des
enfants) ; il y a ensuite les enfants qui apprécient différemment leur
père mais qui expriment parfaitement leur point de vue ; il y a aussile
frère de Simon Wolberg qui est l'opposé de celui-ci et qui n'arrête pas
de médire sur son frère, etc. Tous ces personnages ont des trajectoires
de vie bien différentes mais ils cherchent avant tout à se faire une
place dans notre société. Aucun des personnages n'est détestable car
chacun a ses raisons de vivre ainsi. D'ailleurs, même le frère de Simon
Wolberg aime au fond son frère. La cinéaste Axelle Ropert a fait un
film d'une grande sensibilité, où les rapports humains apparaissent
vrais.
Évidemment, chacun souhaite forcément que les rapports familiaux soient
cordiaux et se passent pour le mieux. Mais ce n'est pas toujours le
cas. Dans La famille Wolberg, on est clairement sur le mode de "Famille
je t'aime, famille je te hais "; en tout cas pour ceux qui gravitent
autour de Simon Wolberg.
Parfaitement interprété, La famille Wolberg bénéficie d'excellents
acteurs qui font que ce film, malgré un ton assez particulier, ne sonne
jamais faux. On a presque une larme à l'œil en sortant de la salle de
cinéma.