La horde de Yannick Dahan et Benjamin Rocher
Année : 2010
Origine : France
Durée : 96 minutes
Avec : Jean-Pierre Martins, Eriq Ebouaney, Claude Perron, Aurélien Recoing,
Doudou Masta, Antoine Oppenheim, Jo Prestia, Yves Pignot.
Résumé : Des gangsters et des policiers doivent faire équipe pour se sauver d'une horde de zombies.
Présenté au dernier festival du film fantastique de Gérardmer, La horde
est semble-t-il assez loin d'avoir fait l'unanimité. Pourtant, je me
suis décidé à aller voir ce film. J'ai tenté le coup car un film de
zombies français n'est pas forcément fréquent et l'un des deux
réalisateurs n'est rien d'autre que l'un des critiques de l'excellent
magazine Madmovies.
Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos zombies ! Que vaut La horde ?
Est-ce vraiment la daube annoncée ou est-ce que le film sauve les
meubles ? Eh bien, après l'avoir vu, j'opterai plutôt pour la seconde
proposition.
La horde est bourré de défauts, c'est incontestable. Pêle-mêle on peut
citer une mise en scène trop « djeuns » par moments, des acteurs qui
sont vraiment pas terribles (mais là c'est aussi une qualité), un
scénario quasi indigent et des citations un peu trop appuyés à d'autres
films.
Ainsi, la mise en scène est loin d'être rigoureuse. Les deux cinéastes,
souhaitant visiblement donner du rythme à leur film, ont choisi la
facilité en multipliant et se mettant – ce qui est par moments presque
exaspérant – à faire bouger la caméra dans tous les sens.
Quant aux acteurs, ils sur-jouent un maximum. On a vraiment le sentiment
d'avoir affaire à des amateurs. Mais ce point de vue, comme indiqué
plus tard, se révèlera aussi une qualité, pour peu que l'on accepte
l'humour bien gras du film.
Surtout, là où le film apparaît le plus faiblard, c'est clairement au
niveau du scénario. On peut le résumer en une phrase : des hommes au
départ ennemis se liguent pour sauver leur peau et vont être amenés à détruire du zombie.
Quant aux citations, elles sont très claires : les deux cinéastes font à
plusieurs reprises référence à Le jour des morts-vivants de George A.
Romero. Quant à la psychologie (assez sommaire) des personnages et les
dissensions qui apparaissent au sein du groupe, ils ne sont pas rappeler
l'oeuvre entière de Romero.
Mais heureusement La horde, par son aspect "fun" incontestable, demeure un
film qui fait plaisir à voir. C'est justement son accumulation de
maladresses qui rend ce film attachant. Les acteurs qui en font des
tonnes rendent ce film bien marrant alors que l'on voit défiler les
morts à la vitesse grand V. Ici, pas question de se prendre au sérieux
et en plus du jeu approximatif des acteurs, on assiste à un second degré
bienvenue de la part des deux réalisateurs.
Le mauvais goût et les dialogues assez incroyables du film sont vraiment
très drôles. Ainsi, les acteurs ont bien dû s'amuser à jouer des
personnages qui n'arrêtent pas de s'envoyer des vannes. Le nombre de
« enculés », « connards », etc. est prodigieux et rappelle à ce niveau
certains films américains bien gras où les shit sont très présents. Et
puis il y a tout de même certains dialogues cultes comme lorsque l'un
des gangsters déclare que s'il réussit à s'en sortir son « petit cul de
noir va servir de garage à bite pour des blancs »! On croît rêver et
pourtant les réalisateurs semblent inarrêtables dans ce mauvais goût. On
pourra également apprécier le côté franchouillard du film où explose
littéralement à l'écran le personnage de René. Cet homme bedonnant, âgé,
bien ancré dans la France profonde, qui déclare avoir fait la guerre du
Vietnam, s'amuse à dégommer des zombies. Pour lui, c'est quasiment un
jeu !
En plus du côté marrant du film, on signalera tout de même l'existence
de quelques scènes marquantes. Par exemple, il y a ce moment où le
« flicard » qui reste en vie se place sur une voiture et se met à
découper du zombie par dizaines. Les membres éclatent dans tous les sens
et le côté graphiquement très réussi de la scène est évident. Il y a
aussi ce moment où les personnages, arrivés sur le toit de l'immeuble,
voient que le temps a changé et que les zombies sont partout dans les
rues. Le chaos que vit notre monde est très bien relaté par cette scène.
La fin du film, sans aucune concession, montre le côté jusqu'au
boutiste de l'oeuvre. SI le film utilise bien souvent le mode de
l'humour, dans son fond le film reste fondamentalement sérieux. On évite
la fin facile où « tout le monde il est beau, tout le monde il est
gentil ».
Au final, malgré un nombre très important de défauts et notamment un
cruel manque d'originalité, La horde demeure malgré tout un film qui
fait plaisir à voir par son côté fun, complètement décérébré et en même
temps assez sérieux par les (quelques) idées qu'il développe. A voir
pour se détendre.