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Déjantés du ciné
1 avril 2020

Le cas Richard Jewell de Clint Eastwood

richard1Titre du film : Le cas Richard Jewell

Réalisateur :
Clint Eastwood

Année :
2020

Origine :
Etats-Unis

Durée :
2h11

Avec :
Paul Walter Hauser (Richard Jewell), Sam Rockwell (Watson Bryant), Kathy Bates (Bobi Jewell), Olivia Wilde (Kathy Scruggs), etc.

FICHE IMDB


Synopsis : En 1996, Richard Jewell fait partie de l'équipe chargée de la sécurité des Jeux d'Atlanta. Il est l'un des premiers à alerter de la présence d'une bombe et à sauver des vies. Mais il se retrouve bientôt suspecté... de terrorisme, passant du statut de héros à celui d'homme le plus détesté des États-Unis.


Clint Eastwood est désormais passé maître dans l'art d'adapter au cinéma des faits divers ayant défrayé la chronique aux États-Unis. Ce fut notamment le cas avec le drame L'échange (2008) se déroulant dans les années 20 avec Christine Collins, une mère recherchant son enfant disparu. Plus récemment Sully (2016) rappelait l'épisode de 2009 de l'avion de l'US Airways ayant effectué un amerrissage sur les eaux du fleuve Hudson avec 155 passagers...sains et saufs. Evidemment, Eastwood ne se limite pas à narrer un drame ou une manœuvre incroyable.  Ses films sont plutôt l'occasion d'effectuer une radiographie de la société américaine.

richard3Le cas Richard Jewell n'échappe pas (fort heureusement) à cette règle. Clint Eastwood dresse évidemment le portrait de cet homme étant devenu pendant quelques jours un véritable héros national, puisqu'il avait permis de sauver des vies en signalant la présence d'une bombe lors des Jeux Olympiques d'Atlanta de 1996. Mais la joie de cet homme et de sa famille fut de courte durée puisqu'il fut rapidement mis au ban des accusés.

Le film montre de façon réaliste comment une personne peut se retrouver du jour au lendemain précipitée dans un scandale médiatique alors qu'il n'y a pas l'ombre d'une preuve tangible contre lui. Dans L'échange, Eastwood brossait le portrait d'une police abusant de son pouvoir et ne reconnaissant jamais ses torts. Comme Christine Collins, Richard Jewell va être trainé dans la boue par le FBI et par les médias. Il faut voir comment les télévisions et les journaux s'en prennent à Richard Jewell. On croirait que l'on a affaire à des vampires assoiffés de sang. Olivia Wilde incarne à merveille une journaliste à scandale prête à tout (mais vraiment à tout ...) pour obtenir un scoop et faire la une de son journal. Les méthodes employées par les agents du FBI ne sont pas meilleures, puisque l'on voit à de nombreuses reprises qu'ils tentent par tout moyen (bonjour la légalité) d'obtenir des aveux ou des documents mettant Richard Jewell en difficulté. Comme la police ne trouve pas de coupable, pourquoi ne pas s'en remettre à la seule personne qui pouvait tirer profit de cette situation.

Eh oui Eastwood dépeint une société où l'injustice est criante. On s'attaque à Richard Jewell car on a personne d'autre à accuser. Et il faut dire qu'il est la victime idéale. Cet homme rondouillard, vieux garçon célibataire vivant avec sa mère est un homme incroyablement naïf. On dirait vraiment un gros bébé à sa maman. Le film oppose vraiment deux camps. On a d'un côté les médias et le FBI qui cumulent malhonnêteté et manigances en tous genres pour exploiter au mieux cette affaire. De l'autre côté on a un Richard Jewell donnant l'impression de vivre dans un autre monde. Il a du mal à réaliser ce qui lui arrive et il fait toujours preuve d'une extrême gentillesse. La situation qu'il vit apparaît encore plus criante d'injustice. Heureusement, Richard Jewell peut compter sur un avocat un peu rock'n'roll totalement acquis à sa cause. Car le sauveur de ces Jeux Olympiques d'Atlanta a lui-même besoin d'être sauvé.

En ces temps où le bon vieux rêve américain se disloque de toute part, Clint Eastwood trouve une nouvelle fois l'occasion de mettre en lumière un homme ordinaire devenu un héros et injustement considéré par la suite. Cette reconnaissance posthume (Richard Jewell est décédé en 2007 d'une défaillance cardiaque) est fondamentale. Comme dans tous ses films, Eastwood laisse la part belle au facteur essentiel : l'humain. Le cinéaste américain rappelle de manière évidente que Richard Jewell est un héros, comme l'a été le commandant de bord "Sully". Il y a une vraie émotion, qui se dégage de ce film, ne serait-ce que le personnage principal et la belle relation d'amitié qu'il entretient avec son avocat.

richard2La réussite du film tient d'ailleurs à son excellente distribution. Paul Walter Hauser campe un Richard Jewell plus vrai que nature (quand on voit certaines images d'époque, on est bluffé par la ressemblance physique). Il est à la fois ce héros discret mais aussi cet homme parfois agaçant tant sa candeur est incroyable. De son côté, Sam Rockwell joue très justement le rôle de son avocat, un homme faisant son possible pour que la vérité soit rétablie au grand jour. Dans un rôle secondaire mais important, Kathy Bates campe une mère fusionnelle, inquiète pour le devenir de son fils. Elle est à l'opposé d'une Olivia Wilde jouant très bien le rôle d'une journaliste opportuniste et n'ayant pas froid aux yeux.

Avec un grand classicisme - chose à prendre dans le bon sens du terme - Clint Eastwood continue d'explorer les notions de héros et en même temps les travers de notre société. A l'heure de l'omniprésence des réseaux dits "sociaux", le lynchage médiatique d'un Richard Jewell fait froid dans le dos mais est surtout cruellement d'actualité.

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